Rétrospective Henri Lachièze-Rey
Café rouge (1967)
Par
Olivier Dufour
Après
l'exposition des « sanzistes » remarquable tant par
l'organisation que par la qualité des uvres exposées, le musée
Paul Dini nous gratifie d'une excellente rétrospective du
peintre lyonnais Henri Lachièze-Rey moins connu que ses trois
proches aînés Fusaro, Truphémus et Cottavoz. Sa mort hélas très
jeune à 46 ans ne l'aida certainement pas à être reconnu au rang
où il devrait être.
Entré à
l'école des beaux-arts de Lyon en 1947, il y subit malgré toute
l'influence de ses aînés tout en gardant sa propre écriture
picturale faite d'un expressionnisme mesuré et élégant. A la fin
de ses études parisiennes au début des années 50, Henri
Lachièze-Rey part pour le midi de la France et nous verrons
alors éclore un véritable talent. Il utilise avec beaucoup de
délicatesse la vibration des couleurs pour nous faire jaillir la
lumière jamais violente mais ô combien calme et reposante (Plage
de Pampelonne 1958)
Le jeune artiste a le souci permanent de faire ressortir la
lumière en pratiquant une peinture parfois lyrique et
expressionniste. Pour donner encore plus de relief et d'éclat à
ses sujets (Paysages de la Croix Rousse 1972), il utilise avec
un certain raffinement la matière. Henri Lachièze-Rey est un
véritable virtuose qui résout de façon déconcertante les
difficultés de composition et les complexités des nuances de
tons qu'il crée dans ses scènes de genre... auxquelles il arrive
toujours à donner un aspect agréable. Il peint souvent des
scènes d'intérieur qui dégagent une sensibilité si chaleureuse
qu'il parvient à éviter la monotonie, du moins la froideur.
Nous
notons qu'Henri Lachièze-Rey marie avec grâce et volupté, la
matière et le couleur avec une extrême finesse afin de faire
apparaître le volume et le sujet si sublimement planté dans
l'uvre. La virtuosité élégante de la touche et du trait, le
charme aimablement bariolé des couleurs s'exprime pleinement
dans ses uvres. En parcourant cette exposition nous découvrons
en lui le peintre des atmosphères :
-La
convivialité et également l'intimité largement exprimées dans
ses uvres représentant des scènes d'intérieur et le plus
souvent des cafés. Ceux ci sont des sujets récurrents mais
l'atmosphère peinte est toujours différente.
-Le
silence et l'écoute avec des toiles nous montrant des salles de
spectacles avec des spectateurs assidus.
-Le
tumulte et la joie de vivre (La bravade à Saint-Tropez) mais
également celui des paysages ou des villes (Les toits de
Draguignan)
Lachièze-Rey reste souvent à la limite de l'abstraction très
influente à cette époque, il suffit pour cela d'admirer cette
merveilleuse toile de Paris (La façade de Paris de 1965) avec
ses à plats gris à la de Staël. Cette façade grise totalement
dépouillée où ne subsiste que l'aspect architectural nous révèle
une cité pleine de mystère, paraissant calme mais paradoxalement
angoissante. Le grand mérite de Lachièze-Rey est d'avoir
conservé son style judicieusement suggestif et narratif pour ne
pas tomber comme beaucoup de peintres de l'époque dans
l'abstraction lyrique.
Musée Paul Dini
Place Flaubert
69400 Villefranche sur Saône
Tél.
04 74 68 73 70
Heures d'ouverture : mercredi au vendredi 11h à 18h30
Samedi et
dimanche 14h à 18h 30
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