Anti-CPE ? Plus cheap, tu meurs !

Cheveux gras, piercings dans les narines et
gris-gris sur la poitrine. Pas jolis, jolis
les manifestants anti-CPE croisés samedi matin
dans les rues de Lyon... Et pas vraiment
représentatifs de la communauté estudiantine.
Pas de quoi nous rouler dans la farine !

Il est 11h. Au fur et à mesure que la place
Bellecour se remplit, la rue Edouard Herriot se
vide. Au moment où le cortège se met en branle,
les propriétaires de quelques grosses cylindrées
se hâtent de déplacer leurs 4X4. Au lieu de
passer par la rue de la Ré, le cortège a choisi
- par provocation ? - de traverser le triangle
d'or. Temple de la consommation et du luxe
ostentatoire. A la hauteur de la rue des
Archers, un couple très chic et leur bambin.
Madame, qui n'a pas froid aux yeux (et pour
cause elle est de vison couverte), se met à huer
les manifestants. La foule gronde. L'ingénue se
précipite à l'intérieur de la boutique Hermès.
Sur le pas de leur porte, les commerçants ne
savent pas encore qu'ils vont vivre une sale
journée...

Derrière une douzaine d'anciens combattants
syndiqués et porte-drapeaux, une camionnette
sono - qui ressemble étrangement à celles de
Perrache - ouvre la marche. Point de miss
gâterie à l'intérieur, mais trois refoulés de la
Star Ac qui se relaient pour chanter dans le
micro. Je vous passerai le détail des paroles.
Ça ne vole pas haut. Côté dress code, on est ras
les pâquerettes. Les plus chics dans cette
affaire sont le commissaire cravaté et votre
serviteur endimanché. Jean et blouson de cuir,
Maurice Fusier a sorti sa tenue de combat
des placards de France Info. Robert
Marmoz (Nouvel Obs) et Sophie Landrin
(Le Monde) se content fleurette... la presse de
gauche est à l'unisson des manifestants.
Frédéric Poignard (Lyon Figaro) est
légèrement en retrait. Pas du CPE si l'on en
juge la teneur de la chronique d'Henri
Amouroux.

Combien sont-ils à suivre ? 10 000 selon la
police, 20 000 selon les organisateurs. Si l'on
coupe les poires en deux, on arrive à 15 000.
Procédons à une analyse chirurgicale. Les
étudiants et quelques lycéens - en tête -
représentaient-ils la moitié des manifestants ?
Pas sûr ! Les bataillons des gros CGT étaient
autrement plus impressionnants. Si l'on se
réfère aux 100 000 étudiants que compte la ville
de Lyon, ça signifie que moins de 7% d'entre eux
était dans la rue samedi*. De quoi relativiser.
Quant aux universités représentées, les baba
cool de Lyon II sont logiquement en première
ligne, quelques isolés de Lyon I et basta... En se
rendant sur le site internet de l'université
Lyon II, on s'aperçoit que les formations
dispensées conduisent dans leur grande majorité
à des postes de fonctionnaires ou d'enseignants...
Peu d'entre eux seront donc touchés par le CPE.
Amusant. En revanche tous les étudiants
concernés (IUT, DUT, IAE, Droit, Ecoles de
commerce...) poursuivent leur formation.
Tranquilles...

Laissant, telle une limace, des traces peu
ragoûtantes après son passage, la foule oblique
quai Jules Courmont avant de rejoindre son point
de départ. On appelle ça « un chien qui se mord
la queue », dans le jargon policier. Les
commerçants respirent sans savoir que le
cauchemar n'est pas terminé. Car à la suite des
anti-CPE, c'est à une manifestation
négationniste turque qu'ils vont devoir
assister. Avec échauffourées, caillassage et
rideaux baissés. Une belle journée pour l'image
de "marques" de la presqu'île.
7% de
part de marché ! En langage business, on
appelle ça un flop commercial. En jargon journalistique,
on appelle ça "la jeunesse de France". Va
comprendre... |