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10 décembre 2001

 

Jean Bousquet sort Cacharel du gouffre !

 

 

 

 

 

 

 









 


De notre correspondante Laure Delvigo

 

Qui n'a pas vu cette année, en sortant de l'Eurostar, déambuler une créature chic-romantique, vêtue d'un chemisier cow-boy geisha, au sac typiquement British, mêlant vinyle fluo et liberty flashy, que tout le monde s'arrache chez Harrod'S ou Joseph à Londres et Colette à Paris ?

 

Ce sac trendy n'est ni de la star du marketing Tom Ford (Gucci et Y.St Laurent PAP), ni du déluré John Galliano (Dior), mais du couple Clements Ribeiro pour Cacharel. Vous avez dit Cacharel ? Après avoir boudé les podiums depuis plus de vingt ans, on croyait la marque « enterrée », mais elle est à son apogée et on ne peut que s'en réjouir...

 

« On a tout changé... » raconte Jean Bousquet, PDG de Cacharel, (ci-contre avec Nadine Gelas) en visite à Lyon, parrainant la dernière promotion du DESS Mode et Création. « De la création avec Clements Ribeiro à la communication avec une nouvelle charte graphique, cinq cabinets de relations publiques pour « relancer l'affaire », des boutiques et corners en cours de rénovation à travers le monde, des nouveaux shopping-bags chocolat-turquoise, que l'on aperçoit dans les 79 boutiques et autres points de vente emblématiques comme Barney'S, Harvey, Nichol'S, Harrod's...etc. »

 

Cependant, un tel succès commercial aurait été impossible sans l'appui des médias très en vogue... Cette saison, pas un numéro de Elle, Cosmopolitan et autres DS, sans un blouson de cuir à imprimé fleurettes où autres liberty siglés Cacharel. Depuis les sixties, Cacharel n'a jamais eu autant d'articles de presse.

 

Après le style très structuré d'Emmanuel Kahn et autres DA, Jean Bousquet craque pour le couple Clements Ribeiro, lors d'un reportage sur Paris-Première... Le coup de foudre n'est cependant pas si innocent, Clements Ribeiro étant déjà très reconnu  aux USA et en UK. L'Anglaise Suzanne Clements et le Brésilien Ignacio Ribeiro, se sont rencontrés à la mythique St Martins School of Art de Londres, dont sont issus les plus grands comme Alexander Mc Queen (ex Givenchy), John Galliano ou Stella Mc Cartney ;St Martin  demeure en effet une pépinière de talents, « dépoussiérant » les maisons françaises.

 

Et Jean Bousquet ne s'y est pas trompé. Aussi bien luxueuse que quotidienne, cette élégance décontractée a séduit Madonna , Gwyneth Paltrow, Cameron Diaz et autres égéries très glamour...Fan du Prêt-à-porter des années 60, le duo gagnant Clements-Ribeiro, qui rêvait de défiler à Paris, fait revivre le patrimoine de la marque , dans un contexte international.

 

Les chiffres parlent d'eux-mêmes :

 

Le  CA de la marque en 1999 s'élève à 1,6 milliards de francs, dont 60% à l'export. (800 bou-tiques dans le monde) Parallèle-ment, le marché français reste stable avec une hausse de 2%, sans compter les licences, dont le total réalisé par la marque (parfums, lingerie, maillots de bain Playtex) se chiffre à 1,9 milliards de francs, royalties non incluses. Les parfums, dont la licence est exploitée par l'Oréal, sont toujours en hausse avec Anaïs-Anaïs, demeurant depuis plus de 20 ans un best-seller mondial, illustrant le savoir-faire Cacharel. La maison revit enfin !

 

Car Jean Bousquet revient de loin. Dans les mythiques années 80, le CA de Cacharel atteignait 600 millions de francs... Jean Bousquet, « inventeur du PAP », baptise sa société à 30 ans, en 1962, du nom d'un oiseau migrateur de Camargue « Cacharel ». Un an plus tard, il décroche  la 1ère couverture de Elle avec une jupe noire et un chemisier de crépon rose. Succès immédiat avec 300 000 exemplaires vendus. Le mythe se crée avec une image romantique, fraîche et poétique.

 

Par hasard, 20 ans plus tard, lors d'une partie de poker entre amis, Jean Bousquet s'engage comme maire de Nîmes dans la politique, « parce qu'il n'y avait personne de valable à l'époque... », « Mes copains m'ont alors dit : pourquoi pas toi ? » nous confie le sympathique Jean Bousquet. Elu dès 1983, Jean Bousquet s'est engagé dans une politique de grands travaux (médiathèque, centre des affaires, université Vauban, stade des Costières), afin de redonner une véritable stature à sa ville, dite un peu « triste ».

 

C'est l'époque « strass et paillettes » : Marie Sara et la feria, dont on ne compte même plus les pages dans Gala ; le célèbre architecte Jean Nouvel dessine les HLM, Philippe Starck le mobilier urbain...etc. Puis mise en examen, complicité d'abus de biens sociaux...

 

A la fin de son second mandat, en 1995, Jean Bousquet fait ses adieux au monde politique et retourne à ses premiers amours : la mode et Cacharel, où rien ne va plus... « Je ne passais qu'un jour par semaine dans mon entreprise, en croyant tout voir, la politique absorbe... » tout comme la crise, absorbant peu à peu Cacharel. 5 usines ferment successivement, la dernière liquidation provoquant 150 licenciements. De 1300 employés au début des années 80, il n'en reste plus que 200 !

 

Aujourd'hui, tout a  changé. Les prototypes sont fabriqués à Paris, puis assemblés à Nîmes et répartis entre les différentes usines de fabrication, en Italie, Lituanie, ainsi que dans le sud-est asiatique. Une stratégie révolutionnaire pour Jean Bousquet, possédant toujours 80 % de sa marque, contrairement à d'autres comme Daniel Hechter, préférant la tranquillité de la Suisse... 20 % des parts de Cacharel appartient au fond de placements luxembourgeois Novinvest de la banque Rothschild.

 

Entre luxe inaccessible, version LVMH et grande diffusion, version H&M ou Zara, Jean Bousquet apporte un luxe accessible à tous et toutes, en créant des produits d'appel comme des T-Shirts à 390 F, désormais copiés dans le monde entier. Avec un nouveau parfum, dont la sortie est prévue en mars 2002, la saga Cacharel n'est pas prête de s'arrêter...
 


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A suivre, Georges Servadio, parole de pubard...

 

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