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4 février 2002

 

Régine Goinère, cancéreuse mais pas contagieuse

 

 

Un cas peu banal pour les uns, un miracle permanent pour les autres... Régine Goinère ne laisse personne indifférent. Atteinte d'un cancer en 1990, celle à qui l'on avait pronostiqué six mois de survie n'en finit pas de nous étonner. Portrait.

 

C'est dans le 6ème arrondissement qu'une petite Régine fait son apparition aux premiers jours du printemps 1949. Ses parents pharmaciens confient la petite princesse aux Dominicains de Chalon sur Saône. Si elle en garde un souvenir mitigé, elle n'en a pas perdu la foi pour autant. Rentrée à Lyon, elle intègre le Goethe Institut. Puis se marie à 20 ans avec un informaticien. Les tourtereaux s'installent pendant quatre années sur Paris. De retour à Lyon, un petit Raphaël - qui a fait une entrée remarquée entre-temps - aura tôt fait d'accaparer toute son attention. Jusqu'à devenir mère au foyer ? « Non, plutôt maman-kangourou. Je l'emmenais partout. »

 

Raphaël a déjà des culottes courtes quand Régine accompagne son oncle à une réunion du « jeune qui monte » , le fringant Michel Noir. La jeune maman accepte la responsabilité de son association « J'habite » pour le 5ème arrondissement. Tant et si bien qu'elle se retrouve tête de liste noiriste pour les municipales de 1983. A la surprise générale, sa liste réalise un score de 26% et Régine (ci-dessous avec le Père Devert) se voit propulser à l'hôtel de ville. 

 

Après l'euphorie de la campagne, les mesquineries de la politique ne plaisent guère à notre rebelle, les consignes de groupe non plus : « Le doigt sur la couture du pantalon, c'est pas mon truc ». Et pour cause, elle se trimballe en mini-jupe...

 

Six ans sur les bancs du conseil municipal, et revoilà Régine à la veille d'une nouvelle campagne. Avant que le clash ne se produise : elle rue dans les brancards en refusant d'évincer de sa liste les fidèles de la première heure au profit des nouveaux amis du « Grand ». « Goinère quitte Noir » titre la presse régionale en 1989. Elle se doute qu'elle quitte la vie politique pour toujours. Pas la vie tout court.

 

Une rupture qui intervient l'année de son quarantième anniversaire. Au moment même, où « le crabe » va bouleverser sa vie. Depuis quelques mois déjà, Régine souffrait d'une fatigue diffuse. Impossible d'en déceler la cause. Jusqu'à une nuit de décembre 1989 : une violente douleur « comme un coup de poignard dans le dos », un transfert à l'hôpital, des radios qui s'enchaînent. Comme les mauvaises nouvelles. Et un mal dont on peut enfin dire le nom : cancer. Devant le médecin qui lui annonce le terrible diagnostic, Régine fond en larmes : « Et mon fils ! » implore-t-elle.

 

Au beau milieu de la nuit dans laquelle elle s'enfonce, c'est son amour filial qui va lui servir de fil d'ariane. Et lui permettre de s'accrocher. « Tous les jours, je me disais : je ne veux pas qu'il soit orphelin ! » Les traitements lourds s'enclenchent, les séjours à Léon Bérard s'enchaînent. « Je pars aux Baléares ! » dédramatise courageusement Régine quand elle annonce à ses proches une nouvelle hospitalisation. Le cœur suit alors que le corps sombre inexorablement. Début 1990, alors que de nouvelles métastases font leur apparition, les cancérologues lui pronostiquent 6 mois de survie. Pas plus.

 

« Le crabe en pince pour moi » se souvient Régine. Qui est à nouveau hospitalisée à Léon Bérard « sans cheveux, sans jazz, sans électricité. Je ne ressemblai plus à rien. C'était vraiment ET téléphone maison ». Dans pareil cas, tout un chacun penserait qu'il vit là la pire année de son existence. Pas pour elle : « C'est là que j'ai commencé à vivre ! » Affaiblie mais pas terrassée, Régine concentre ses dernières forces vers... les autres ! Et crée même une association. « Vivre avec ». Un nom clair comme de l'eau de roche. Un engagement limpide pour cette amoureuse de la vie : « Pour apprécier quelque chose, il faut en connaître le prix. Je suis milliardaire, je paie tout très cher ! »

 

Depuis 12 ans, Régine livre un combat quotidien contre sa maladie. Avec des périodes de rémission et de rechute. Sans rien en laisser paraître. Elle est coquette et pleine d'esprit.

 

Toujours d'attaque, souvent surbookée. Outre l'association « Vivre avec » dont elle assume la présidence (voir chronique), elle est administrateur de la Ligue Nationale contre le Cancer et conseiller technique de Jean-Claude Lavorel, fondateur de LVL Médical

 

Comment explique-t-elle son inattendue longévité ? « Le cancer est une maladie classique, mais moi j'ai un cancer baroque ! » Sacrée Régine !
 


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A suivre, Emmanuelle Béart, charité bien ordonnée... 

 

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