Justin Calixte dans la tête d’un réac

10 novembre, 2010 | TRIBUNE LIBRE | 0 commentaires

eric-brunet.jpg Par Justin Calixte

            

« Contrairement à ce que ne cessent de répéter ces grandes gueules de Mélenchon ersatz de Marchais et Besancenot, fils adoptif de Krivine et Geismar ou nos journaleux trotskystes ou ignares ou encore nos lycéens décérébrés, on rencontre beaucoup plus de fascistes à gauche qu’à droite. Aujourd’hui comme hier. »

 

Ce n’est pas un point de vue ou une opinion. Mais un constat, une réalité historique*. Souvent je lance cette petite phrase lorsque les convives semblent lassés de baver sur ce pauvre Sarko et commencent à compter les anges qui passent. Ça déclenche la plupart du temps quelques joutes verbales qui me ravissent et nous permettent d’attendre le dessert sans temps mort. Chacun argumente tant bien que mal en extirpant de ses souvenirs embués quelques noms de droite ou de gauche qui fleurent bon le fascisme. Je suis chaque fois étonné et néanmoins attristé de constater à quel point les connaissances historiques de nos concitoyens – jeunes ou vieux – sont limitées ou pire erronées. Il faut dire que depuis soixante ans, l’Education Nationale s’appuyant sur des professeurs et instituteurs conditionnés, n’a cessé de manipuler les élèves en leur faisant prendre leurs vessies stalino-trotskystes, cubano-polpotistes pour des lanternes humanistes, n’hésitant pas pour ce faire à jeter aux oubliettes de l’histoire ou de la littérature : Clovis, Louis XIV, Napoléon III, Tocqueville, Montherlant, Raymond Aron ou encore Jean-François Revel, Marcel Aymé, Jean Anouilh

 

Ayant eu la chance d’être allé à l’école publique et au lycée à une époque ou les « hussards de la république » étaient encore en poste, où les profs -de gauche pourtant- préféraient nous éduquer, nous enseigner plutôt que nous endoctriner… Ayant eu la chance d’être le petit-fils d’une marchande de journaux, j’appris très tôt à me méfier des bobards journalistiques dus souvent à la paresse des journalistes, parfois à leur ignorance, et presque toujours à une mauvaise foi justifiée par leur idéologie. (Récemment un sondage révélait que 90 % des journalistes se disaient de gauche. Ces mêmes journalistes qui ont pourtant réussi à nous faire croire que Sarko avait la main mise sur les médias.) C’est sans doute pour cela que l’idéologie à la mode n’a jamais réussi à me contaminer. Et que je continue vaille que vaille à dénoncer les falsificateurs en tous genres qui sont aux manettes de la machine à décerveler. Je viens de lire « Dans la peau d’un réac » d’Eric Brunet, journaliste de son état. Depuis je me sens moins seul. Voilà un livre tout à fait réjouissant. Je vais de ce pas en offrir quelques exemplaires à mes amis mais comme ma fortune, qui à en croire le toujours mal informé Jacques Simonet, est conséquente, ne me permet pas d’en faire cadeau à tous les lecteurs de Lyon People, je vous propose quelques extraits :

 

« J’ai toujours été réactionnaire. En mai 1981, j’avais seize ans et l’impression que le France se transformait en foyer socio-éducatif géant. Je n’aimais pas les jeans, Abba, le collège Aragon, les concerts de charité et les radios libres. Mes parents, qui avaient pleuré de joie à l’élection de Mitterrand, avaient honte de moi. Qu’y puis-je ? J’ai toujours été contre. Hier contre les socialo-communistes. Aujourd’hui contre la droite moderne et suffisante. Je suis allergique à cette France qui avance sans rétroviseurs. Sa liturgie progressiste, son capitalisme high-tech me donnent des éruptions cutanées. Au fond, le réac est un franc-tireur qui cultive avec jubilation ses démangeaisons. Cet eczéma sublime lui tient lieu de doctrine. Peu le savent, mais le réactionnaire sait aussi aimer. Il est dyalisé à l’humus français. Dans mon petit musée intime, je m’enivre de tous les soleils du passé : d’Artagnan, l’Empereur, Guynemer, De Gaulle, le Concorde, Brassens, Barbara, la Citroën Maserati… Oui c’était mieux avant… »

 

« Il m’arrive parfois d’avoir l’impression que la planète artistique est meublée d’hôtesses de l’air et de garçons de café. Comédiens, humoristes, metteurs en scène tiennent plus de Geneviève de Fontenay que de Pic de la Mirandole. Voilà bien l’exception culturelle française : nos génies du cinéma sont souvent des falots. Leurs cervelles d’usurpateurs ont été ramollies il y a bien longtemps, au contact du radiateur du fond de la classe. « L’intellectuel français est si souvent un imbécile, râlait Bernanos, que nous devrions le tenir pour tel jusqu’à ce qu’il ait été prouvé le contraire… »

 

« Après un bref examen, je décidai d’amender mon choix initial. Je laissai de côté le journalisme scientifique pour choisir le métier de journaliste tout court. Le job était gratifiant socialement et il ne requérait aucun savoir-faire particulier. Il suffisait juste d’avoir quelques avis sur l’air du temps. Un métier à la portée de tous les fainéants incultes. C’était fait pour moi… »

 

« La radio, la télévision, la presse écrite nous répètent qu’elles sont soumises à la censure élyséenne. Etrange bâillon tout de même que celui qui vous permet de proclamer que vous êtes bâillonné. En fait le sadique tyran autorise juste assez de liberté aux médias pour qu’ils puissent écrire à longueur d’édito qu’ils en sont privés. Sarkozy est un dictateur moderne : il cadenasse la presse, mais la laisse libre de dire qu’elle n’est pas libre. Un ingénieux concept à double détente dont la finalité m’échappe. (Le journaliste de gauche a été obsédé par la censure. Dans son schéma mental, les forces de l’argent et les tyrannies de droite, ensemble conjurées, sont mues par une même inclination liberticide : étrangler la presse… »

 

« Pour faire élire Mitterrand, le publicitaire Jacques Séguéla a imaginé le slogan « La force tranquille ». Pour paraître plus grand, Hugo inventa « Napoléon le petit ». En 1848, Louis Napoléon est élu président de la République. Hugo se précipite au premier dîner de l’Elysée. Il rêve de devenir ministre de l’Instruction publique. Il le dit au Prince-Président. Mais Napoléon III écarte l’idée à deux reprises. L’égo d’Hugo ne s’en remet pas. Alors Victor tourne une nouvelle fois sa veste et devient républicain. Il appelle le peuple à l’insurrection. On ne le voit sur aucune barricade, mais il exige d’un commissaire de police qu’il l’arrête. Le policier refuse, au prétexte qu’Hugo ne constitue un danger pour personne… »

« Hugo n’a plus qu’une chose à faire : mettre en scène son exil. Ou plutôt son déménagement dans les îles Anglo-Normandes, car le proscrit volontaire est en réalité un touriste aisé qui refuse toutes les lois d’amnistie. Pendant la totalité du Second Empire, il peut publier librement en France et toucher ses confortables revenus. En 1853, la Comédie Française joue « Marion de Lorme » en présence de Napoléon III qui applaudit la pièce du boudeur le plus célèbre de l’Empire. En 1867, Hugo est chargé par l’empereur d’écrire la préface du guide officiel de la célèbre Exposition Universelle. Napoléon III fait même publier ses œuvres pour les prix officiels de l’université. Mais Hugo l’ingrat tient son souffre-douleur, et il ne le lâchera plus : « Ah, Français, regardez le pourceau couvert de fange qui se vautre sur cette peau de lion… »

 

Pas mal, non ?! Il ne vous reste plus qu’à courir chez Decitre ou même à la Fnac où pourtant les réacs ne sont pas les bienvenus, pour acheter le bouquin. Si après ça, vous n’êtes pas requinqués, je vous rembourse. Promis !

 

* Rien d’étonnant ! Puisqu’un fasciste est avant tout un idéologue perclus de certitudes qui, lorsqu’il s’aperçoit que son discours fumeux ne vient pas à bout des maux qu’il souhaitait résoudre utilise la force pour mettre au pas les peuples récalcitrants. Le national socialisme allemand en fût un bel exemple, comme le stalinisme, le castrisme, le polpotisme, le maoïsme… Nos élites de gauche font également semblant d’oublier que ce sont le socialiste Marcel Déat et le député communiste, formé à Moscou Jacques Doriot qui inventèrent le fascisme à la française de sinistre mémoire.

 

 

 

 

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