Renonciation de Hollande. Les élus lyonnais entre compassion et mépris

2 décembre, 2016 | POLITIQUE | 0 commentaires

©Capture d’écran 20Minutes.fr

Par Morgan Couturier

« Il quitte la scène comme il l’a occupée: la cravate de travers, flottant dans des habits trop grands », écrit Alexis Brézet, directeur des rédactions du Figaro, dans un édito sanglant à l’encontre de l’actuel Président de la République. À Lyon, le voir déposer les armes suscite l’admiration au sein des membres du parti socialiste. Du côté de l’opposition, cette décision traduit un flagrant constat d’échec, dont l’issue finale le rend historiquement impopulaire.

Ses récentes allocutions sur la courbe du chômage laissaient entrevoir une opération reconquête afin d’espérer retenter sa chance devant les électeurs. Mais ces derniers temps, la sphère politique rivalise de surprises. La mine déconfite, François Hollande a finalement surpris bon nombre de ses confrères, annonçant ce jeudi, son retrait dans la course aux primaires, abandonnant de facto, son très convoité poste de président. Une décision forte, qui n’a pas manqué d’entraîner de vives réactions. Y compris à Lyon, où la classe politique a évidemment donné un avis bien tranché sur la question. Interrogé le soir même, lors de sa visite à Eurexpo, Gérard Collomb a lancé le bal des messages – sous forme de larmes de crocodile – , du côté d’un parti socialiste pourtant plus partagé que jamais.
« Le président de la République a annoncé qu’il ne se représentait pas, déclarait le sénateur-maire à nos confrères du Progrès, ravi de voir une voie royale s’ouvrir devant son chef de file, Emmanuel Macron. Il l’a fait de façon digne, qui force le respect. Je veux saluer une décision qui a dû beaucoup coûter au président de la République et qui l’honore aussi ».

Un respect retrouvé dans la foulée sur les réseaux sociaux, où l’ancien député de la première circonscription de Lyon, Thierry Braillard saluait celui qui l’a nommé secrétaire d’état chargé des Sports : « faire passer la France et l’intérêt général avant son destin personnel, c’est être digne. Le bilan est bon et l’homme, un grand homme d’Etat ». Si François Hollande a lui-même conscience – discours à l’appui – de son incapacité à retourner l’opinion public, ses pairs ont tenu à saluer une attitude salutaire, laquelle fait passer la France avant l’égo du Président de la République. « Je veux saluer la décision d’un homme d’Etat qui a toujours fait passer l’intérêt de la Nation avant sa personne », admet ainsi Najat Vallaud-Belkacem sur son compte Twitter. Une philosophie reprise par Marc Fraysse, qui se restreint à porter tout jugement. « C’est une décision respectable et d’une grande lucidité, souligne le président de France Unie. Il se rend compte d’un désaveu, aussi bien des Français qu’à l’intérieur de son camp. C’est une forme de respect de l’institution et du poste de Président. Dans la vie, il faut savoir regarder son propre miroir. Il m’a ému, on a senti l’homme blessé ».

Pour les opposants, cette conclusion vient au contraire entériner un bilan désastreux, où François Hollande se fait tristement remarqué comme le premier président sortant à ne pas retourner au combat. Un parti pris qu’ils qualifient de « judicieux », tant sa candidature aurait fait selon eux, offense au plus haut poste de la République. « C’est la meilleure décision qu’il puisse prendre, martèle Philippe Cochet, député républicain du Rhône. Je regrette qu’il ne l’ait pas fait il y a 5 ans. Il n’a jamais été dans le costume de président et paye son manque d’expérience. On n’a jamais vu un président aussi impopulaire et qui n’a eu aussi peu d’autorité. C’est une page qui se tourne ».
Pointé pour son manque de charisme, le Rouennais en prend forcément pour son grade. Sa capitulation s’apparente alors comme son initiative la plus louable, eu égard de son mandat.

« Il y a aucun sujet sur lequel, il rend la France dans un meilleur état, dépeint Michel Havard, président des élus Les Républicains au conseil municipal de Lyon. C’est une bonne nouvelle pour la France. Le seul crédit que je lui accorde, c’est d’avoir fait preuve de lucidité ». Un point sur lequel souhaite appuyer Christophe Boudot, président du groupe FN au conseil régional, plus véhément dans ses propos : « Renoncer est certes se montrer responsable, mais c’est surtout l’aveu d’un échec annoncé d’un quinquennat au bilan désastreux », lâche-t-il sur la toile. Avec une telle résolution, François Hollande a beau se jeter en pâture, l’opposition n’en oublie pas d’en mesurer les conséquences. Son retrait bouleverse naturellement les plans des prochaines élections, où sa présence aurait assuré de manière quasi certaine, un duel entre François Fillon et Marine Le Pen. « Son retrait va redistribuer les cartes à gauche. Le jeu sera complètement différent, admet Michel Havard. Il faut que l’on fasse attention à notre positionnement politique ».

Un avis tranché que modère le maire du 6e arrondissement, Pascal Blache : « Les électeurs ont besoin d’élus qui font le travail. Pour lui, tout s’est cumulé au même moment. Désormais, il va avoir une vraie primaire à gauche. Mais je ne pense pas que ça change quelque chose en termes de répartition des votes ».
Au jeu de pronostics, le sacro saint monde politique a montré qu’il regorgeait de rebondissements. François Hollande en a encore fait la démonstration. Pas sûr que ce soit celui qu’il espérait.

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Morgan Couturier

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