Propos recueillis par Marc Polisson

Il ne fait pas bon s’exprimer librement sous la présidence Macron. Le chef d’état-major des armées (CEMA) Pierre de Villiers a préféré reprendre sa liberté plutôt que de subir une politique budgétaire allant à l’encontre des intérêts français.

On a tous en mémoire ce reportage montrant des soldats français perdus au fin fond du Mali à bord de véhicules militaires hors d’âge, et contraints à des réparations de fortune quotidiennes. Un calvaire que subissent depuis des années, en France comme sur le théâtre d’opérations extérieures, ceux qui sont censés nous protéger de la menace terroriste. Les coupes budgétaires répétées, doublées d’une incompétence crasse du Ministère de la Défense en matière de gestion des ressources humaines affectent le moral des armées. Et celui de leur chef qui n’a pas hésité à manifester son mécontentement. Une attitude qui a fortement déplu à Emmanuel Macron. Ce dernier a recadré son CEMA et tenté de l’humilier. La toile et les réseaux sociaux ont aussitôt pris fait et cause pour le général, tout comme Jean-Luc Mélenchon.

Ce dernier n’a pas tardé à réagir en posant, ce mercredi 19 juillet 2017, sa lettre de démission sur le bureau du président jupitérien : « Dans les circonstances actuelles, je considère ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd’hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays. Par conséquent, j’ai pris mes responsabilités en présentant, ce jour, ma démission au Président de la République, qui l’a acceptée. J’éprouve une vraie reconnaissance envers nos soldats, nos marins et nos aviateurs avec lesquels j’ai partagé ma vie, pendant quarante-trois années ».

Interrogé par téléphone depuis l’Australie où il séjourne actuellement, le président du Département du Rhône, Christophe Guilloteau juge le comportement d’Emmanuel Macron « lamentable. Une telle attitude de la part de quelqu’un qui ne connait rien aux problèmes de défense et qui n’a pas fait son service militaire est pitoyable ». L’ancien député, et ex vice-président de la Commission de la défense et des forces armées à l’Assemblée Nationale assure éprouver pour le CEMA « une immense peine. C’est la première fois qu’une telle chose arrive. Je connais personnellement le général de Villiers, c’est un grand monsieur. Il a préféré démissionner et ça n’augure rien de bon pour la suite ! »