Bram et Geer Van Velde deux destins voués à la peinture

22 avril, 2010 | LES EXPOS | 0 commentaires

bram-et-geer Par Alain Vollerin

 

Le monde est à l'envers. Un volcan entre en irruption, et les papillons à moteurs perdent leurs ailes. Le dessous en dessus tel est le nouvel ordre du monde.

 

Une sotte façon de faire du neuf qui plaît à Sylvie Ramond, conservateur en chef du Musée des beaux-arts de Lyon, et co-commissaire de l'exposition avec Rainer Michael Mason, historien de l'art et conservateur des archives Bram van Velde. Elle a organisé le vernissage la veille de la conférence de presse, où, buvant un café comme ses invités, elle avait l'air tout à fait ébravagée, comme on dit à Lyon. La soirée fut-elle épuisante ? Quelle est la leçon ? Croyez-vous que des articles de journaux fussent nécessaires pour attirer le public ? La preuve que non. Il faut dire que la qualité des journalistes est tellement médiocre. Que peuvent-ils écrire à part reproduire le contenu du dossier de presse plein d'erreurs historiques, et notamment une énorme qui n'aurait pas dû échapper à Sylvie Ramond, si, elle s'intéressait un peu à l'histoire des arts plastiques à Lyon. En effet, Geer et Bram Van Velde n'ont pas exposé pour la dernière fois ensemble en juin 1948 à la galerie Maeght, mais à la galerie de Marcel Michaud dans notre bonne ville, en janvier 1949. Pourquoi ne pas avoir consulté l'étude de Bernard Gavoty pour le catalogue de l'exposition Marcel Michaud à l'Elac en 1989 ? Madame Ramond n'aimeriez-vous pas la ville qui vous donne votre emploi ? Car, comment comprendre sinon ce silence entretenu envers les liens qui unissent notre cité à Bram et Geer Van Velde.  Pour sortir Lyon de son isolement face à Paris, Marcel Michaud avait lui aussi compris qu'il fallait une antenne dans la capitale. Il anima la galerie Mai, où, il exposa pour son ouverture des œuvres de Bram, en 1946. Pour obtenir des renseignements justes et vrais, je vous recommande la consultation du catalogue de l'exposition aménagée au Musée Rath de Genève, où Bram vécut quelques années, pour le centenaire de sa naissance, en 1996. Rainer Michael Mason conservateur du cabinet des estampes au Musée Rath était-il alors plus vigilant ? Ultime affront aux acteurs lyonnais de la vie culturelle, à ceux qui comme Madeleine Lambert organisèrent en 1978 à l'Hôtel-de-Ville de Vénissieux et au Centre Gérard Philippe une exposition de lithographies que Bram Van Velde vint inaugurer, ce qui donna lieu à un échange avec Charles Juliet qui avait publié chez Fata Morgana en 1973 les " Rencontres avec Bram Van Velde " qui furent notre bréviaire, et celui de très nombreux amateurs d'art. On les a oubliés. Jamais cités, les malheureux. Quel ostracisme !

 

Un autre souci, tout de même. Unir dans la même rétrospective Geer et Bram Van Velde modifie considérablement notre perception du parcours de celui que nous ressentions comme un promeneur solitaire si bien décrit par Charles Juliet et dont son ami Samuel Beckett saluait l'état d'esprit par ces mots : " seul artiste à affronter sans restriction ni complaisance les angoisses de son temps." Tout est dit. Tout est là, à jamais. Nous sortions de la Révolution de 1968. Nous avions cru à notre immortalité. Nous découvrions les patouilles et les magouilles de la société consumériste. Bram Van Velde était pour nous qui lisions Henry Miller, Knut Hamsun, Artaud, Céline et Léautaud un exemple d'Absolu contre toutes les compromissions. Nous aimions lire cette démonstration de son fondamental engagement dans la marginalité : " quand je ne peux travailler, je ne quitte pas le travail. Je me prépare à accueillir ce qui m'attend." Le découvrir admirateur et zélateur de Munch, de l'école de Paris, nous défrise. Nous aurions voulu ne pas savoir, rester sur notre image idéale de quêteur de l'impossible. Parfois, nous lisons une proximité avec certaines oeuvres d'Etienne-Martin, de Le Moal, de Bertholle, de Varbanesco, de nos amis du Groupe Témoignage de Lyon. Piet Moget, artiste peintre, fondateur du L.A.C un lieu d'art contemporain situé à Sigean, qui fut l'un des premiers amis des deux frères, a prêté un nombre considérable de toiles, particulièrement de Geer Van Velde. Pour celui-ci l'effet obtenu est au contraire la découverte d'une constance, d'une homogénéité, presque d'une rigueur qui intéressera profondément les visiteurs. Je vous recommande vivement la visite de ce qui constitue indiscutablement un événement artistique. Je la conseille aussi aux centaines de barbouilleurs et de barbouilleuses qui encombrent l'univers de la peinture contemporaine. Qu'ils apprennent là à se taire. Notre époque entière doit apprendre à se taire. Donc, exposition exemplaire.

 

Bram et Geer Van de Velde

Deux peintres un nom

Musée des Beaux-Arts de Lyon

Jusqu'au 19 Juillet 2010

20 place des Terreaux – Lyon 1er

04 72 10 17 40

Tous les jours sauf mardi – 10h-18h

Vendredis 7 mai et 4 juin nocturnes jusqu'à 22h

www.mba-lyon.fr

 

 

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