Vœu des Échevins. Marie protectrice des sans-dents

8 septembre, 2014 | INDISCRETIONS | 1 commentaire

Photo © Fabrice Schiff

Par Benjamin Solly

François les abhorre ? A Lyon, Marie les protège depuis 1643. Attention, ces lignes ne sont pas antirépublicaines.

Urticant pour certains, œcuménique pour d’autres, le Vœu des Échevins sera célébré en la basilique de Fourvière à 17h, lundi 8 septembre. Le renouvellement d’une tradition séculaire qui trouve son origine en 1643. A cette époque, le préfet Vaïsse n’a pas encore fourré son nez hygiéniste dans les coupe-gorges de la ville et le plan Lumière n’a pas redonné son lustre à la capitale des Gaules ; Michel Noir en est encore moins le prévôt (maire) et il faudra encore patienter quelques siècles pour compter parmi les échevins (adjoints) des sommités de la santé publique. Sans attendre le diagnostic des spécialistes que seront Max Dubernard, Georges Képénékian, ou Jean-Louis Touraine, Lyon craint l’arrivée de la peste et le retour du scorbut après l’épidémie de 1638. Extrêmement contagieuse, la maladie se traduit -entre autres- par des « hémorragies et des altérations des gencives », précise le Larousse médical, dépouillant peu à peu les bouches des contaminés. Si Marc Fraysse n’a toujours pas entamé sa formation de prothésiste dentaire, le prévôt des marchands n’a pas non plus l’intention de laisser Lyon devenir une ville d’édentés. Pas question de décevoir François ! Oubliés de l’état-providence et de la protection sociale, prévôt et échevins s’en remettent donc à la Vierge Marie. Le 8 septembre 1643, ils montent à la chapelle de la Vierge, sur la colline de Fourvière, pour remettre à Marie une offrande « de sept livres de cire blanche en cierges et flambeaux, et un écu d’or au soleil. » L’épidémie épargne Lyon. Sûrs de leur martingale, les édiles reproduiront le geste symbolique, avec une vraie constance depuis Louis Pradel.

Tabliers et goupillon

Tradition lyonnaise, la cérémonie du Vœu des Échevins (revue à la sauce Lyon People dans les lignes ci-dessus) s’entrechoque pourtant avec le principe de laïcité. Un mélange des genres d’autant plus crispant pour certains « frères » que Gérard Collomb est franc-maçon du Grand Orient de France. Un chemin initiatique suivi également par plusieurs adjoints qui garnissent traditionnellement les bancs de Fourvière pour le Vœu des Echevins. Forcément, cette cohabitation du temporel et du spirituel fait parfois grincer des dents en loge. Interrogé sur cette pratique lyonnaise, Gérard Collomb renvoyait « à la loi de séparation des Eglises et de l’État et à la très belle intervention du rapporteur de la loi, Aristide Briand, qui disait que cette loi  n’était pas une loi de sanction mais de liberté des consciences. » « Je suis dans cette référence d’égalité des consciences. C’est ce que je permets à Lyon. Que les catholiques puissent être catholiques, que les juifs puissent être juifs que les francs-maçons puissent être francs-maçons. Que chacun vive en liberté avec une égalité de droits et de devoirs vis-à-vis de la cité », expliquait-il dans les colonnes de Lyon People en janvier dernier. Croyants ou non croyants, mystiques ou agnostiques, bigots ou athées, le Vœu des Échevins est aussi l’occasion de faire sauter les frontières et de partager le pot commun de la tradition.

1 Commentaire

  1. FAUST

    Voici un texte bien troussé… ce qui n’est visiblement plus le cas de madame Valérie T.

    Réponse

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