Tribune libre de Rémi Hanachowicz

20 mars, 2008 | LES GENS | 2 commentaires

collomb Gérard Collomb, illustre promoteur du « socialisme municipal »

 

 

Du socialisme municipal à l'avenir de Nicolas Sarkozy…

 

Le « socialisme municipal » est devenu, depuis dimanche soir, un élément de langage politique à la mode. Il signifierait que le socialisme actuel incarne une gestion de proximité qui correspondrait aux attentes de nos concitoyens. Cette analyse serait confortée par le fait que la gauche, outre ses bons résultats de dimanche, possède depuis lundi 60 départements sur 101 et 21 régions sur 22. A contrario, s'agissant de la politique de la France, la droite serait plus à même d'incarner la nation et de diriger le pays.

 

Cette analyse est valable… pour qui commente une photographie de la cartographie politique actuelle et ne connaît rien à l'histoire contemporaine électorale de la France.

La réalité est toute autre. Elle se lit dans le rejet systématique du pouvoir en place. Il n'est qu'à prendre les élections locales par rapport à la couleur politique du gouvernement. Ces 20 dernières années, JAMAIS un gouvernement en place n'a été conforté lors des scrutins locaux intermédiaires. C'est un fait incontestable, qui n'est tempéré que lorsque les scrutins locaux ont lieu dans la foulée immédiate (c'est-à-dire inférieur de moins d'un an) des élections nationales.

 

Les élections régionales et municipales sont en ce sens, les plus caractéristiques ; exemples choisis :

  • 1992 : après 4 ans de gouvernement socialiste, la droite conquiert 20 régions sur 22,
  • 2001 : 4 ans de gestion Jospin : vague bleue sans précédent aux municipales,
  • 2004 : 2 ans de gestion Raffarin : 21 régions sur 22 basculent à gauche.

 

Quelques enseignements doivent être tirés :

  • – les Français, depuis au moins 20 ans, ne sont pas satisfaits de leurs gouvernants et profitent de chaque scrutin local pour le leur signifier,
  • – corrélativement, un gouvernement en place n'arrive à faire bonne figure que si les élections locales ont lieu dans l'année de sa mise en place (exemples: municipales de 1995 ou régionales de 1998). C'est sans doute ce constat qu'avait fait Nicolas Sarkozy en arrivant au pouvoir, et ce qui l'a conduit à renoncer à faire avancer le scrutin municipal.

Pourtant, ce cru 2008 présente quelques différences notables qu'il nous faut relever :

 

1/    A moins d'un an de sa mise en place, une défaite réelle et incontestable a eu lieu. La question qui mérite débat est donc de savoir si les Français sont insatisfaits ou impatients ? J'incline à penser que les Français sont les deux : insatisfaits du comportement du chef de l'Etat dans sa vie privée, si soigneusement et si trop souvent mise en scène, et impatients de voir les réformes mises en place produire leurs premiers effets dans leur vie quotidienne, beaucoup moins glamour que les pages en papier glacé des magazines people…

 

2/    Quelques maires sortants se sont vu confortés, en dehors même du contexte national : c'est le cas de Gérard Collomb, élu triomphalement au premier tour à Lyon, Jean-Claude Gaudin à Marseille, ou Alain Juppé à Bordeaux. Ce dernier cas est singulier : rejeté aux législatives lors d'une vague bleue, il est réélu triomphalement au premier tour 9 mois plus tard lors d'une vague rose. La victoire de Delanoé à Paris est plus contestable dans la mesure où elle a lieu au second tour dans le cadre d'une abstention très massive, et sans avoir conquis aucun arrondissement nouveau. Elle n'est donc en rien comparable à la magistrale victoire de Collomb à Lyon, alors que leurs situations étaient objectivement comparables.

 

La théorie du socialisme municipal n'a donc, à ce stade, aucune pertinence, et les constats rappelés ci-avant doivent permettre de tordre le coup à ce genre de théorie, par trop simplistes.

 

Reste donc, à l'aune de ces résultats à tenter de prédire l'avenir de Nicolas Sarkozy.

 

Aucun pouvoir en place n'a été conforté dans sa politique depuis 20 ans dans le cadre d'un classique débat droite – gauche. Rappelons que la réélection de Chirac en 2002 l'a été par défaut, en raison de l'élimination prématurée de Jospin dès le premier tour (sanction spectaculaire s'il en est du pouvoir en place…) ou l'élection de Sarkozy après Chirac, sur une thématique exclusive : la rupture ( !).

 

Sarkozy pourra-t-il gagner 2012 ? De mon point de vue oui, mais à une seule condition. Que les réformes promises soient engagées et réalisées complètement. Pas des ajustements, pas du ripolinage, pas de la cosmétique, mais des réformes, des bouleversements, des révolutions économiques, fiscales, sociales, environnementales, institutionnelles ; des réformes qui replaceront notre pays durablement sur le chemin de la croissance, de la compétitivité et du plein emploi.

 

Paradoxalement, alors qu'il ressort affaibli par les résultats de ce scrutin, Nicolas Sarkozy n'a plus le choix aujourd'hui, il doit écraser la pédale d'accélérateur des réformes structurelles vitales dont notre pays à tant besoin.

 

S'il réussit, il restera dans l'Histoire. S'il échoue… non, il ne doit pas échouer car il en va, finalement, de notre avenir commun.

 

Rémi Hanachowicz

Avocat

2 Commentaires

  1. Robespierre

    mon cher Rémy, je crois que ton analyse est fausse sur un point essentiel : le rejet du pouvoir en place. En effet ce n’est pas l’UMP qui était en place depuis 5 ans lors de la dernière présidentielle? alors où est le rejet du pouvoir là? pourtant le bilan n’était pas brillant . Pour 2012 je crois que ton ami Sarkozy gagnera si il permet aux français de retrouver du pouvoir d’achat ce qui est très très loin d’être le cas. Pour les heures sup la propagande est gratuite mais la réalité est toute autre… Pour les municipales, votre échec à l’UMP est celui du rejet de Perben que nous ne voulons pas sur Lyon tout comme tes ex amis millonistes d’ailleurs d’où les 43% du PS dans le 6ème (score jamais vu, merci Nardone!!!).

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  2. Arsène Lupin

    Beaucoup de ceux qui ne juraient que par Sarkozy au moment des élections présidentielles sont les premiers à le vouer aux gémonies. Il existait pourtant des candidats alternatifs à Sarkozy, qui était plus qu’un candidat, en réalité une proposition d’incarnation inédité du poste de Président. Les mises en gardes ont pourtant été nombreuses…

    Réponse

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