Olivier Ginon sur les pistes du Dakar

23 février, 2009 | LES GENS | 0 commentaires

01 Photos © Jean-Luc Mège

 

De notre envoyé spécial Marc Polisson

 

Le Dakar 2009 est parti à la découverte d'un continent qui offre des possibilités illimitées aux amateurs de grands espaces. Un nouveau défi de taille pour le patron de GL Events. Une fois les fêtes de Noël passées en famille, Olivier Ginon a embarqué avec ses amis pour l'Amérique du Sud, où se tenait la 30ème édition de ce rallye mythique. Lyonpeople a vécu en live une semaine de cette folle aventure.

 

02 Le soleil se couche sur la Serena quand le camion d'assistance de l'équipe MD Rallye fait son entrée sur le bivouac en remorquant le proto Nissan n°428. Celui d'Olivier Ginon et de Pascal Giraud. C'est sur la Panaméricaine reliant Valparaiso à la station balnéaire chilienne que le moteur est passé à travers. Alors même que le duo avait terminé dans les temps la spéciale de cette 8ème étape. Un incident qui conclut une semaine épique pour le fougueux patron de GL Events. Le leader mondial de l'évènementiel habitué à tout gagner depuis trente ans contraint à l'abandon sur casse mécanique ! La pilule est dure à avaler. Entouré de ses amis pilotes toujours dans l'aventure, Olivier Ginon fait contre mauvaise fortune bon cœur. « Ma femme Jacotte est encore plus déçue que moi ! » souligne-t-il avant de retourner une énième fois à sa voiture, espérant un miracle de la part des mécanos du team. Mais rien à faire, le bloc moteur est trop endommagé pour être réparé. « J'espère que notre ange gardien est derrière nous ! » avait-il pourtant glissé le matin même à son copilote Pascal Giraud. On est désormais certains que les dits anges ont fait craquer les cours de mécanique dispensés au paradis !… La tignasse en bataille et le cœur à l'envers, telle est à cet instant l'image inédite qu'offre le PDG de GL Events. Sûr que ça doit cogner à l'intérieur. « Je ne reviendrai pas sur le Dakar ! » me souffle-t-il, l'esprit ailleurs. Vidé et sonné, Olivier n'en trouve pas moins l'énergie d'organiser un apéro pour tout le team. Vins chiliens et français, rosette lyonnaise et jambon fumé. Comme ses espoirs d'arriver à Buenos Aires. Autour de la table ont pris place ses potes qu'il a entraînés dans cette incroyable aventure. Au sein du Team Ansa, on retrouve son copilote Pascal Giraud, « artisan industriel » de 50 ans, « une crème » selon son entourage. Le coach de l'équipe n'est autre que Jérôme Rivière, 54 ans et 20 participations au Dakar associé à Dominique de Charry (50 ans) sur le springbox n°424, ainsi que le duo Guy Bouche Paul Crepet, 21 ans et benjamin de l'équipe avec le dossard 429. Discrète mais efficace, Jacqueline Ginon assure l'assistance médicale. Vous l'aurez compris, Olivier Ginon est venu assouvir sa passion entre amis. Entre deux rondelles de saucisson, Pascal Giraud se montre philosophe. « Tous les gens qui font le Dakar jurent qu'ils ne reviendront jamais. Et vous les retrouvez systématiquement l'année suivante… » Le frère de l'écailler Eric (Comptoir Antonin), sociologue à ses heures, assure « redécouvrir sur le rallye les besoins primaires de l'homme ! » Tout ce petit monde s'emploie à garder le sourire malgré l'abandon de leur chef naturel qui signe l'échec de leur objectif initial : arriver groupés à Buenos Aires. Les anecdotes de Jérôme Rivière comme le faux vol de la Peugeot 405 T16 de Vatanen à Bamako en 1988, ou les avatars des concurrentes du Rallye des gazelles régalent l'assistance. Les torpilles de son copilote aussi : « Quand il prend un devers, c'est toujours de mon côté ! » rigole Dominique de Charry. Mais c'est Guy Bouche, 35 rallyes africains au compteur, qui remporte haut la main la palme de la bonne humeur. Le « professeur de dunes » qui a fait toute sa carrière chez Mercedes a un langage des plus fleuris. Et de raconter leur « sauvetage » par un local venu les sortir de l'ornière ou sa rencontre inattendue avec un photographe amateur : « Je m'arrête pour pisser et voilà t'y pas qu'un Chilien me prend en photo avec le perchoir à cigognes ! » Fous-rires garantis.

 

Comment en sont-ils tous arrivés là, sous le soleil chilien, à plusieurs milliers de kilomètres de leurs pénates lyonnais ? L'aventure a démarré dans leur tête il y a six mois lors d'une discussion de potes en Haute-Loire, dans le fief d'Olivier Ginon qui y organise chaque année un trophée 4X4. Baptisée le rallye de la Gargouille, du nom de la discothèque du Chambon sur Lignon où avec nombre de ses amis il a usé les semelles de ses mocassins à pompons, cette épreuve amicale a réuni 18 véhicules lors de sa dernière édition. « Allez, cette année pour nos cinquante ans, on fait le Dakar en Argentine ! » avait lancé à la cantonade le PDG de GL Events. De la boutade au désert argentin, le patron a enclenché le compte à rebours. Accord avec l'écurie MD Rallye qui a fourni les trois machines, essais privés en Normandie, coach sportif, bicyclette (et pas uniquement d'appartement), il a mis toutes les chances de son côté avec pour objectif de boucler l'épreuve de rallye raid la plus dure du monde. Il n'en est pas à son coup d'essai. Rallyes de l'Atlas, Tunisie… celui qui a hissé son entreprise au sommet a avalé autant de couleuvres que de sable ces dernières années. Mais il ne se doutait pas que celles du Dakar 2009 allaient lui rester en travers de la gorge. Quand nous le retrouvons au bivouac de La Serena ce 8 janvier, Olivier Ginon a plus d'une semaine de course dans les pattes. Le réveillon de Buenos Aires est loin mais le patron de GL Events s'est réveillé avec la gueule de bois. Les trois premières étapes en sol argentin ont été hard et interminables sur des pistes dévastées par les ornières de plusieurs centaines de concurrents dont les camions ravageurs. Arrivée sur le bivouac à 3h du matin avec 700 kilomètres de poussière avalés dans la journée pour repartir à 7h, pas besoin de vous faire un dessin. En langage électroménager, ça correspond à 20h dans une machine à laver ! Les galères techniques (3 embrayages, 3 courroies d'alternateur, 1 pompe à eau avant la casse moteur) ont immanquablement généré des galères physiques. Associé à des conditions de vie et d'hygiène plutôt spartiates (je vous épargnerai la scène de la tente, des toilettes et des douches), l'aventure tient alors plus du cauchemar que du rêve des débuts. Mais les compensations sont immenses à l'image des espaces traversés. Paysages sublimes, décors grandioses et moral de guerrier, Olivier tient le choc. Encaisse les coups. Les heures à attendre son assistance en plein désert. La réparation express synonyme de délivrance jusqu'à la prochaine casse et ainsi de suite. « Il a une volonté d'acier, c'est un sanglier ! » confirme son coach Jérôme Rivière qui a roulé avec lui pendant les 8 premiers jours. Jacqueline Ginon, le doc du team, partage la passion de son  mari pour le 4X4. « Je l'avais déjà suivi sur le rallye de l'Atlas, c'est un milieu que j'aime bien ! » assure-t-elle. Etait-ce la dernière fois ? « Il va bien falloir que je les fasse ces dunes ! » lui a confié sous la tente Olivier, le lendemain de son abandon. De ce premier Dakar, elle retiendra avant tout le départ de Buenos Aires où 500 000 Argentins les ont acclamés sur le parcours et la traversée de la cordillère des Andes à 4800 m d'altitude. Ces images resteront également gravées sous le casque d'Olivier qui juge la compétition « d'une exigence sportive et technique telle qu'elle oblige à se surpasser en permanence ! » Le patron de GL sera-t-il sur la ligne de départ au Brésil l'an prochain ? Réponse dans les premiers jours de l'été.  

 

La projection diapos, c'est maintenant !

 

 

 

Le rallye en images
 
02   Entre deux océans, l'aventure extrême

Le pick-up Nissan d'Olivier file dans à vive allure dans le désert chilien lors de la spéciale reliant Valaparaiso à la La Serena. De la pampa argentine, en passant par la cordillère des Andes, jusqu'au désert de l'Acatama, les concurrents du Dakar « ont fait provision de superbes images » pour reprendre l'expression de Pascal Giraud.

 

 

2787  A l'autre bout du monde

Paul Crepet et Guy Bouche dévalant les dunes du désert de l'Atacama. L'aller-retour jusqu'à Buenos Aires, en passant par Valparaiso, constituait un défi dans lequel les sportifs les plus endurants ont trouvé une opportunité de se distinguer. Mais sur les 5591 kilomètres de spéciales initialement prévues, 1179 ont été annulés soit 21% du parcours. Les organisateurs avaient sous-estimé la difficulté du terrain et les caprices de la météo. Malgré tout, l'édition 2010 pourrait avoir pour décor le Brésil et l'Argentine.

 

 

0963
Toutes les bonnes choses ont une fin

Remorqué par un camion d'assistance, le pick-up d'Olivier Ginon et de Pascal Giraud fait son entrée sur le bivouac de la Serena. Fin de l'aventure pour les deux amis après 8 jours de course épique.

 

 

4284  Incrédulité et déception

Olivier et Pascal connaissent déjà le diagnostic de leur mécano mais ne veulent pas y croire. Après une semaine de galères mécaniques, le moteur de leur Nissan a définitivement rendu l'âme.

 

0625  Convivialité arrosée

Merlot chilien, Pommard français, rosette lyonnaise et jambon fumé… Sur le bivouac de Copiapo, Olivier Ginon et ses amis ont fait une démonstration de fair-play et de savoir-vivre à la Lyonnaise.
 
1541  Jusqu'au bout de la nuit
Une fois les concurrents rentrés à bon port, une autre course contre la montre s'engage pour les mécanos de MD Rallye qui disposait de trois camions et de deux autos d'assistance. Il s'agit de remettre en état les 10 véhicules avant 6h du matin. Une cadence infernale surtout quand certains pilotes finissent par regagner le bivouac entre 2h et 5h.
 
4745  Femmes aux commandes

La préparation et l'assistance des véhicules du team ANSA était assurée par Maryse (à gauche) et Dominique qui avaient également la responsabilité de 6 autres véhicules (motos, autos, quads) et de la moto de Pascal Terry. Dans le Hummer d'assistance de l'écurie MD, le doc Jacqueline Ginon (à droite) a assuré le suivi médical des concurrents du team ANSA. Certains d'entre eux seraient devenus addict au Red Bull.

 

 

1527 Une armada impressionnante

Le bivouac de Copiapo dans le Nord du Chili. 194 autos ont pris cette année la direction de l'Amérique du Sud. La majorité par bateau, les plus riches en avion cargo. Dans cette escouade on comptait également 235 motards (dont Cyril Després), 30 quads et 84 camions.

 

 

0120  Un succès populaire inimaginable

Du premier jour à Buenos Aires (où 500 000 spectateurs ont assisté au départ du rallye) jusqu'au fin fond du désert de l'Atacama, le Dakar a rencontré un accueil dithyrambique de la part des Argentins et des Chiliens. Dignes des étapes mythiques du Tour de France.

 

 

6306
  Ambiance guerre du Vietnam
Quatre hélicos Bell de l'Armée chilienne assuraient la surveillance des 900 véhicules (concurrents + assistance) engagés sur le rallye. Auxquels s'étaient joints les 3 machines de France 2 et celle de l'organisation.
 
1990  Conditions spartiates au bivouac

Plus de 2000 personnes campent tous les soirs au bivouac. Cabines de douche et toilettes sorties tout droit d'un mauvais film de série D. « On redécouvre sur le rallye les besoins primaires de l'homme ! » assure Pascal Giraud. Impression confirmée… L'espace restauration, en revanche, était parfaitement représentatif de l'esprit Dakar.

 

 

6203 Avant-dernier bivouac pour Carlos

Carlos Sainz, tout sourire, au matin de la 10ème étape. Le pilote espagnol fera le lendemain une chute spectaculaire dans un rio large de 4 mètres, alors qu'il était leader au classement général. Au retour, il s'est retrouvé dans le même avion qu'Olivier et Pascal sur le vol Buenos-Aires – Madrid.

 

 

1936  Ils partirent 543…

…et finirent à un peu plus de la moitié. Nul doute que les concurrents ont essuyé les plâtres de cette version inédite du Dakar marquée par le décès du pilote francilien Pascal Terry, abandonné deux jours dans le désert… L'organisation n'a toujours pas expliqué pourquoi elle avait mis si longtemps à réagir.

 

 

1278  Envoyés très spéciaux

Pour vous faire vivre la course des Lyonnais en live, Jean-Luc et Marco n'ont pas hésité à franchir l'Atlantique. Une belle preuve d'abnégation ! Mais il s'en est fallu de peu pour que leur voyage s'arrête à Madrid. Heureusement, Martine, la bonne fée de Tourinter veillait sur eux…

 

Les Lyonnais dans la course
 
6745  Le maire de Toussieu dans les 15 premiers

Parmi les têtes connues des Lyonnais, Yvan Muller, contraint à l'abandon après que son véhicule ait pris feu. Dans ces conditions, Paul Vidal a été le régional le plus brillant de cette édition. Copilote de Patrick Sieyjol sur un Wildcat Bowler, le maire de Toussieu termine à la 12ème place au classement général.

 

 

4310  La bonne étoile de Paul Crepet

Il en a surpris plus d'un. A 21 ans et pour sa première participation, il termine le rallye à la 54ème place du classement général, grâce aux excellents conseils de son « formateur en dunes » Guy Bouche. Etudiant à l'IDRAC Lyon et pilote d'hélicoptère, Paul a éprouvé la satisfaction d'arriver entier à Buenos Aires.

 

 

6362  Jérôme Rivière dépaysé

Habitué des rallyes raids africains et associé à Dominique de Charry, il a souffert en Amérique du Sud et place son Nissan à la 87ème place au classement général. A 54 ans, ce passionné du désert réside désormais à Marrakech où il a monté une agence évènementielle automobile baptisée Novateam. Ami de longue date du couple Ginon, il a  travaillé sa préparation physique et mécanique avec Olivier.

 

 

0094  5 sur 6 pour Renault Trucks

Le constructeur lyonnais avait engagé 6 camions dans la course (toujours dominée par les Russes de Kamaz), un seul d'entre eux n'a pas rejoint l'arrivée. Pour suivre les étapes, un Sherpa II développé par Renault Trucks Défense avait été mis à la disposition des journalistes spécialisés. Pour les accompagner, l'attaché de presse maison Julien Berthet et le formateur maintenance camions Joseph Lopez.

 

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