Par Morgan Couturier

Coachée par le cavalier tricolore Romain Lavigne, la jeune Michèle Boyer de Zordi prend plaisir à surmonter les obstacles en compagnie de son étalon de toujours, Prince de la Vallée.

A chaque concours, la même attention portée aux détails et à l’apparence de son équidé. Prince oblige, ce dernier se doit de briller, sur les parcours comme en dehors, alors la jeune femme le bichonne avec le pragmatisme d’un vieux couple, construit voilà quatre ans, sur les plaines de la commune des Chères, en bordure d’Azergues. D’ailleurs Michèle Boyer de Zordi ne peut s’empêcher d’esquisser un savoureux sourire, en guise de témoignage pour cette passion absolue qu’elle partage depuis dix ans. Car si l’amour est un sentiment parfois inexplicable, cette amoureuse de la nature entretient avec ses équidés, une relation unique et ô combien enrichissante.

« J’ai toujours aimé les chevaux, le fait que ce soit un animal énorme, mais qu’en même temps, tu puisses créer une complicité magnifique, que tu n’as pas avec les autres animaux », confie-t-elle. « Avec le cheval, il faut créer un truc », cette petite étincelle, ce lien indéfectible, que l’on bâtit au gré des obstacles et des spécificités de chacun. « C’est un sport individuel qui se pratique à deux », martèle-t-elle. Et tant pis si les deux compagnons partagent un gros caractère, la Lyonnaise s’est imprégnée des humeurs de son « Loulou », le Prince de la Vallée. L’inverse vaut tout autant. Le temps a fait son œuvre, car comme Paris à son époque, la complicité ne s’est pas construite en un jour. Le travail porte ses fruits et les peurs du passé ne sont aujourd’hui qu’un lointain souvenir.

« Les premiers concours, il m’aidait, il me sauvait aussi »

« On a mis du temps. Le premier mois, je ne l’ai pas monté, parce qu’il fallait qu’il s’habitue à moi, se souvient-elle. Il était déjà très bien dressé et moi, je passais du poney au cheval, alors c’est lui qui m’a tout appris ». Preuve que dans ce couple, chacun se nourrit des expériences de l’autre. Malgré l’obtention d’un titre de championne de France de Pony Games en 2012, Michèle Boyer de Zordi a donc parfait sa technique auprès de son étalon, avant que celui-ci ne lui rende les rênes, une fois la cavalière rompue au difficile exercice du saut d’obstacle. « Les premiers concours, il m’aidait, il rectifiait mes erreurs. Il me sauvait aussi, soutient-elle. Ou bien, il me disait non là, je n’y vais pas, et c’était le refus. Maintenant, c’est moi qui décide ».

Toujours escortée par sa mère Viviane, contrainte de jouer les grooms pour les besoins de sa « princesse », la jeune femme sillonne désormais la région au gré des concours et des performances de son étalon, 9^e sur 100 en Coupe des As il y a deux ans, dans ce qui pourrait être l’un de ses derniers exploits. Du haut de ses quinze printemps, Prince doit affronter le poids des âges et guette alors les prés luxuriants de la retraite, qu’il pourrait partager avec la ponette Seventy, premier amour de la cavalière élancée. « Je ne vais pas le pousser, je lui donne un ou deux ans », regrette-t-elle. Mais que cette amatrice de Disney se rassure, Spirit a dressé la voie de son étalon : « on ne pourra jamais m’abattre, mon cœur n’a pas cessé de battre ».