Jean-Paul Mauduy, intime

12 juillet, 2007 | LES GENS | 0 commentaires

Par Marc Polisson / Photos Christelle Viviant

Côté ville, Jean-Paul Mauduy dirige d’une main de fer la Chambre Régionale de Commerce et d’Industrie. Côté jardin, cet amoureux de la Dombes se révèle en grand-père amoureux de la nature et des siens. Reportage exclusif chez un gentleman-farmer insoupçonné.

 

Après avoir quitté la départementale, la Jeep Cherokee s’enfonce dans une steppe verdoyante et intemporelle. Slalomant entre les ornières gorgées d’eau, Jean-Paul Mauduy enclenche le différentiel au moment des franchissements de digues. Propulsant ses occupants contre les vitres. Ça tombe bien, il y a du spectacle. « Je vous emmène dans un vrai paradis ! » nous confirme-t-il, gourmand, en pilotant son 4X4 d’une main assurée. En chemin, monsieur le Président peste contre la sécheresse et les citadins pollueurs. Sis en Dombes, le paradis en question est constitué de plusieurs étangs jumeaux où nichent des dizaines d’espèces que notre naturaliste méconnu se fait un plaisir de détailler par le menu au fur et à mesure qu’elles apparaissent dans notre viseur (de jumelles, bien sûr !) Les fusils sont restés accrochés au râtelier car le président a bien senti que la chasse, ce n’était pas vraiment mon truc. Et de voler au secours des chasseurs, fustigeant allègrement les e(scro)colo. Au passage Michel Delpech se prend une volée de plomb dans l’aile : « les canards montent dans les nuages pas les perdreaux ! » Et d’un dicton, un : « Vous confondez sensibilité et sensiblerie ! » m’assène-t-il, coupable je suis d’avoir intercédé pour toutes ces petites bêtes, plus gracieuses sur fond de ciel qu’au fond d’une gibecière. « Les chasseurs sont les vrais connaisseurs de la nature qu’ils entretiennent avec passion » (les deux termes s’assemblent-ils ?) Et de faire, avec fougue, montre de ses talents d’ornithologue. A l’issue du safari, nous nous révélons incollables sur le héron (pourpre ou cendré), la palombe, le col vert, le canard milouin, les chipeaux (rien à voir avec ceux du barbecue), le grèbe huppé, le cygne « qui propage la grippe aviaire » et la huppe « véritable pierre précieuse ! » d’autant qu’il se double d’un botaniste hors pair : renoncules d’eau, tifas, roseaux… nous révisons avec joie nos herbiers d’enfant.

 

Depuis 40 ans, le président de la Chambre Régionale de Commerce et d’Industrie et son épouse sont tombés amoureux de la Dombes, tout en l’étant plus que jamais l’un de l’autre : « On était à l’école ensemble ! » précise Betty. A la Pentecôte, ils ont fêté les 50 ans de présentation à leurs parents respectifs. Leur nid baptisé « La Dombière » est une grande bâtisse entièrement restaurée. « Quand on l’a achetée, ce n’était pas la même musique ! » Débarquant de son Périgord natal en 1967, Jean-Paul – ancien OS qui a gravi les échelons jusqu’à devenir ingénieur – est alors employé à la construction du barrage de Pierre-Bénite. S’échappant de Lyon l’espace d’un week-end avec Louis Massot, il découvre la Dombes : « Je veux vivre ici ! » s’exclame-t-il. Et d’acquérir dans la foulée une petite ferme en ruines « 5240 F, frais de notaire compris ». Le domaine comprend aujourd’hui plusieurs bois et étangs répartis sur 300 hectares que Jean-Paul parcourt au volant de son tracteur, un MF 168, précieux allié pour l’élagage des chemins. La bâtisse est peuplée de trophées, d’oiseaux naturalisés, de tableaux (de chasse) et de grenouilles en porcelaine (les vraies sont en concert tous les soirs). Les pièces s’emboitent au fur et à mesure de l’agrandissement de la maison. Elle enchante les nombreux fans de la cuisine de Betty qui régale leurs nombreux amis. Sur la route du retour, escale improvisée chez son fils Fabien (43 ans) qui a niché sa tribu (son épouse Mélanie, notaire et leurs trois enfants, Clémence, 13 ans, Antonin, 11 ans et Eugénie, 7 ans dans une ferme joliment restaurée. Séance photo sous le regard intrigué de Mirabelle, une jeune ânesse de 3 ans et des petites chèvres qui lui tiennent compagnie. Laurent, son second fils (marié à la sœur de Bernard Lacombe) crèche quant à lui sur les bords de Saône avec leurs rejetons Caroline et Pierre. L’apéro est l’occasion rêvée d’interroger le fils aîné sur ses relations avec le paternel : « On ne peut pas avoir travaillé 15 ans ensemble et avoir les relations qu’on a si on n’avait pas un père génial ! »

Créé de toutes pièces en 1970, le groupe MG, tuyauteur et ensemblier industriel, également spécialisé dans les maquettes industrielles et le traitement de l’eau compte aujourd’hui 350 collaborateurs. « Il a toujours été présent auprès de nous. Il a su ne plus l’être au moment opportun ». Fabien et son frère sont désormais à la tête du groupe, leur papa restant membre du comité d’orientation, ce qui lui laisse tout le temps de s’occuper de la CRCI après deux ans et demi de règne hyperactif au Palais de la Bourse. En deux ans, Jean-Paul Mauduy s’est attelé à régler les grands équilibres financiers de la Chambre consulaire. Des musées à l’EM Lyon, en passant par la recapitalisation d’Eurexpo, le déménagement du marché gare ou encore la privatisation de l’aéroport, tout y est passé ! Ce que confirme Nicolas Farrer, directeur général du Medef : « Quand il s’attaque à un dossier, il ne fait pas semblant ! » Quand on le voit parler à ses petits enfants, on ne peut s’empêcher d’évoquer la dichotomie entre sa vie privée et son image de patron intransigeant et sévère. A l’évocation de ce trait de caractère, son épouse ne peut s’empêcher de pester contre cette réputation injustifiée. « C’est le plus honnête des hommes et le plus tendre des grands-pères ! » doublé d’un humaniste. Après avoir connu un parcours sans faute tant sur le plan professionnel que syndical, Jean-Paul Mauduy profite-t-il enfin de son paradis dombiste ? Que nenni ! Après avoir laissé les rênes de la CCI de Lyon entre les mains de Guy Mathiolon, pour qui il éprouve « de l’estime et de l’amitié », il a rempilé à la présidence de la CRCI. Cette structure qui regroupe les 12 Chambres de Commerce de la Région Rhône-Alpes est un lieu d’échange où les CCI viennent travailler ensemble pour éviter les doublons. « Christian Gauduel a créé la maison commune, Jean-Paul Mauduy l’habite vraiment ! » résume un connaisseur du dossier. « Il est sans arrêt sur les dossiers et veut faire progresser le réseau ! » Au menu, la formation, l’international, l’innovation… de quoi occuper pleinement ses journées. Et c’est tant mieux : pendant ce temps, les canards de ses étangs peuvent palmer en paix.

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