Jean-François Lanneluc ou l’art d’esquiver le combat

4 mars, 2008 | LES GENS | 0 commentaires

jean_francois_lanneluc Par Bertrand de Saint Vincent

                

Il occupe à l'Hôtel de Ville un bureau spacieux dans la partie aménagée au XIXe pour accueillir l'empereur : dorures et plafond peint. Cela ne lui monte pas à la tête. Au contraire, dit-il, ça rend humble. On sait qu'on n'est qu'un personnage, posé dans le décor, qui passera quand le décor, lui, restera.

 

Jean-François Lanneluc est un peu trop modeste pour ne pas être fondamentalement orgueilleux. Il croit que le destin de l'Homme repose entre ses mains. Mais il a ce vieux fond catholique qui lui souffle que le véritable orgueil, c'est d'être, et non pas de paraitre.

Discret, à l'image de sa barbe, ce quinquagénaire en costume sombre déteste l'ostentation, l'affichage, le clinquant. Policé comme une pierre, il est, depuis 2001, outre le directeur de cabinet de Gérard Collomb, son directeur de communication.

Une éminence grise, un cardinal feutré ? Un chef d'orchestre qui met en musique la communication du maire, souligne un opposant.

Il fut auparavant dix ans auprès de Catherine Trautmann, à Strasbourg. Avant d'avoir, dans les années 80, sut surfer sur la vague naissante de la télématique en créant sa propre entreprise, revendue à un puissant groupe américain.

La communication est sa passion. Il cite Sun Tzu : « Parais toujours plus faible que tu n'es ». « L'art de la guerre ». La citation, choisie sans hasard, pourrait s'appliquer à son adversaire.

Lanneluc est un gourmet des mots. Avec Collomb, il dit former un tandem complémentaire : le maire est impulsif, prompt à s'emballer, soupe au lait. Son directeur de communication affirme avoir la colère paresseuse: « Mon bureau est un sas de décompression ».

Onctuosité, fluidité, humilité. Donnant du temps au temps, Jean-François Lanneluc est un modérateur. Dans les rapports avec la presse, parfois tendus, il prône de subjuguer l'adversaire- le journaliste, ce coq qu'il faut un peu laisser chanter- plutôt que de tenter de lui clouer le bec. Pas facile à admettre. Gérard Collomb a suivi : « C'est un homme déterminé, qui assume ses décisions. Il a une relation fusionnelle avec cette ville».

On prendra ces propos, de directeur de communication, avec la distance qui convient. Lanneluc ne surestime d'ailleurs pas son rôle, soulignant que le maire s'est entouré de collaborateurs très divers et ne se fie à aucun gourou.

Avant le débat télévisé de vendredi soir, longtemps différé par Collomb qui sur ce terrain, craint Dominique Perben, il lui a rappelé ses fondamentaux: Faites les yeux doux aux électeurs, a-t-il glissé en substance à son poulain, plutôt que la guerre à Perben.

C'est le Sun Tzu lyonnais.

 

Retrouvez tous les matins dans Le Figaro le bloc-notes lyonnais de Bertrand de Saint Vincent

 

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