François Turcas et Sedat Kartal. Secrets de vacances à KGB

27 juin, 2013 | LES GENS | 0 commentaires

 

Propos recueillis par Thierry Lahon (médianet) & Stéphanie P (L).

Ce sixième rendez-vous va jouer le mélange des genres, avec deux hommes que tout semble séparer… Que ce soit leur histoire, leur silhouette, leur origine… Pourtant, nous avons eu le bonheur de découvrir une belle amitié, une vrai complicité et encore une fois de très, très nombreux points communs. Une belle rencontre estivale !

De François Turcas on connaît l’incontournable patron de la CGPME du Rhône qui accompagne les PME de Rhône-Alpes dans leur développement national et international. Mais de l’homme et sa vie, on ne savait que ce qu’il avait bien voulu, jusqu’ici, dévoiler aux médias. Nous découvrons aujourd’hui, d’autres facettes plus secrètes…

Président de la Chambre de Commerce franco-turque, Sedat Kartal est un homme de réseaux. Ses amis disent de lui qu’il est audacieux et séducteur… qu’il a  accompagné en mission à Istanbul le maire de Lyon Gérard Collomb, mais à part cela, que sait-on de lui ? Vous allez découvrir un homme authentique et surprenant.

Lorsque l’on vous dit vacances, spontanément, quel est le mot qui vous vient à l’esprit ?

FT : Ennui !

SK: Quiétude !

Vous pouvez nous en dire plus ?

FT : Les vacances, ce n’est pas quelque chose que je recherche. Ce n’est pas quelque chose de naturel pour moi. J’apprécie beaucoup plus de prendre 2 ou 3 jours en cours de semaine. Je me sens plus libre. Et puis vous savez quand c’est des grandes vacances, il me faut bien une semaine pour comprendre, la 2ème semaine pour en profiter, et pour la 3ème il me tarde de reprendre le boulot (rires). Bien sûr quand j’étais gosse, c’était différent ; les 2 mois de vacances d’été, c’était sacré !

SK: Quiétude, parce que comme j’ai une fille de 17 ans et un garçon de 14 ans, c’est pour moi des moments privilégiés. Et puis avec l’âge j’ai enfin compris que je ne suis pas indispensable… Donc, depuis 5 ans environ je suis passé dans la zone quiétude. Je débranche tout, même si ce n’est pas toujours facile !

FT : Sedat a raison, moi aussi, à son âge j’ai été comme lui, très famille. Mais maintenant c’est un peu différent. Même si j’adore ma femme, même si on voyage souvent ensemble, à partir d’un certain âge ou après 42 ans de mariage, lorsqu’on passe 15 jours de vacances en tête à tête, quelque fois il est dur d’avoir un dialogue (attention chérie je t’aime !) aussi j’aime rencontrer des gens.

Vous souvenez-vous de vos toutes premières vacances, celles de votre enfance ?

FT : Mon grand-père était paysan dans un petit village d’une douzaine de fermes. Il y avait donc la maison familiale et de très nombreux amis que j’aidais tous les étés. J’ai ainsi des souvenirs formidables de Haute Savoie, avec les fermiers du coin. Jusqu’à l’âge de 16 ans, avant que les filles ne m’intéressent, je faisais les foins, et tous les travaux de la ferme. Après à 16 ans, j’avais envie de voir autre chose que les foins et le maïs…

Donc des vacances très différentes de votre vie quotidienne ?

FT : Mon grand-père avait laissé sa ferme à un de ces frères car à l’époque en Haute Savoie on était très pauvre… Donc mon grand-père est monté sur Paris. Là bas, Il a ouvert un hôtel à Montparnasse, et quelques années plus tard, fortune faite,  c’est le premier qui est revenu avec une voiture dans le village, donc forcement, il y avait un décalage entre le fils de famille que j’étais et mes copains du village, pour autant j’ai toujours eu beaucoup de respect pour les paysans. Ils m’on apporté une richesse extraordinaire. Ils sont pleins de bons sens, ils vivent avec le temps et  les saisons, alors que nous, nous avons zappé tout ça. Aujourd’hui, je n’ai rien oublié, ceux sont mes de points de repère, ils ne m’ont jamais quitté.

Et vous Sedat, vos toutes premières vacances, celles de votre enfance ?

SK : Moi, je suis né en Turquie et je suis arrivé en France à 7 ans. J’ai des origines caucasiennes du côté de mon grand-père. Jusqu’à sa mort, quand j’avais environ 7 ans, je passais tout mon temps avec lui. Il était éleveur de chevaux, donc forcement je passais mes vacances avec les chevaux. Tout ça dans le petit village familial. Moi aussi, j’aidais aux travaux de la ferme. L’été c’est le moment des récoltes, donc la période la plus difficile. Mais finalement, quand on est gamin, rester toute la journée avec ces gens qui travaillent durs, c’est génial. On prend le même rythme qu’eux et même si il y a une différence entre ce que tu vis chez toi et ce rythme de vacances travail, on est heureux. J’ai gardé beaucoup d’authenticité et de souvenirs de ces rencontres et ces échanges.

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Avez-vous des souvenirs gustatifs de ces vacances ?

FT : Oui, la soupe et le pain fait par les paysans. Avec cette odeur, cette saveur inoubliable… Même quand ma mère, qui pourtant était une bonne cuisinière, faisait cette soupe ce n’était pas la même, ça n’avait rien à voir.

SK : Je dirais moi aussi et sans hésitation, le pain. Mais aussi toutes les pâtes comme les raviolis, par exemple. Gamins, on nous servait des plats énormes pour qu’on mange tous ensemble. Il y avait du beurre qui avait vraiment du goût… Chez ma tante, j’ai aussi le souvenir d’œufs au plat avec du pain. Je crois il n’y avait rien de meilleur !

FT : Je me souviens aussi du lait que l’on buvait au pis de la vache. Aujourd’hui, il y a peu de gosses qui connaissent ça.

Avez-fait découvrir à vos enfants, ces mêmes souvenirs ?

SK : Non, et c’est avec beaucoup de regrets, d’ailleurs !

FT : C’est pareil pour moi. Mais vous savez, avec les années, tout a évolué. Et puis, de mon enfance il me reste aussi le souvenir d’un père assez dur… Même si je l’adorais, et que parfois on le méritait, il n’était pas rare qu’il nous donne de sacrées raclés. D’une certaine façon, je n’avais pas envie que mes enfants aient de tels souvenirs de leur père. Je voulais leur donner autre chose. Par exemple, moi qui parle très mal l’anglais, quand je suis revenu d’Arabie Saoudite, je me suis dit : il faut que mes enfants soient bilingues. Donc en maternelle, je les ai mis dans une école européenne, et l’apprentissage des langues leur a beaucoup servi. Ils ont eu une ouverture d’esprit que je n’ai pas eu. Et j’ai suivi la même logique pour leurs vacances.

Quels étaient vos jeux d’enfants pendant les grandes vacances ?

FT : On s’amusait avec un rien. Par contre, je rapportais de la ville des jouets qu’il n’y avait pas à la campagne, c’était par exemple les jeux de société. On jouait ainsi au Monopoly, aux petits chevaux, aux cartes… Mais sinon on adorait aussi les parties de cache-cache. Je me souviens aussi que chaque été, ma mère offrait un cadeau à tous les enfants du village, c’était souvent un cadeau qu’ils n’auraient pas pu avoir à la montagne.

SK : A l’époque il y avait beaucoup de liberté. Avec notre vélo, on partait le matin et on rentrait seulement le soir. Il y avait de l’insouciance et moins de danger, à tout point de vue. Pour chaque vacance, comme François, quand nous revenions de France, mes parents prenaient soin de ramener un cadeau à chacun des enfants de la famille. C’était tantôt un petit avion, un camion, et ensuite on jouait tous ensemble. Mais le jeu qui nous fédérait le plus reste le ballon, aujourd’hui encore, j’adore toujours ça ! Quelque fois, on allait aussi à la pêche au filet, ça pouvait parfois être dangereux, mais on rigolait bien.

Parlez-nous maintenant de vos vacances d’adolescent ?

SK : À 15 ans, mon père me faisait totalement confiance, donc je partais dans le sud de la France ou sur les côtes turques avec mon cousin et un ami d’enfance. Avec nos sacs à dos, nous passions pratiquement 1 mois sans adulte. Aujourd’hui, j’ai un fils du même âge mais il est hors de question que je le laisse partir 1 mois sans surveillance, les temps changent, à l’époque c’était différent. Nous étions vraiment libres, on dormait dans les pensions, les campings, on n’avait pas vraiment de programme, on était dans la découverte totale. On a aussi connu les premiers flirts, ailleurs qu’à l’école, c’était sympa !

Justement, avez-vous des souvenirs de vos premiers flirts ?

SK : On était assez actif… (Rires) On sortait déjà en boite et peu importe où nous allions, les gens s’imaginaient qu’on avait nos parents pas loin. Comme ça, nous avons rencontré des petites danoises, ou des Hollandaises… Je me souviens même d’un prénom qui m’a marqué (rires).

FT : Contrairement à Sedat, j’avais un père sévère. J’ai été en pension dans la dernière école royale militaire qui existait en France. J’y suis resté 6 ans, de mes 12 à mes 18 ans. Comme j’étais le plus mauvais élève de la classe, j’avais, tous les étés, un mois de rattrapage. Conclusion, il ne me restait plus qu’un mois de vacances… Pendant ce mois de vacances, j’allais dans notre maison familiale de Haute Savoie. Nous nous retrouvions en famille. Nous étions 5 frères et sœurs et c’était la seule période de l’année ou l’on pouvait se retrouver aussi longtemps. Pour ce qui concerne mon éveil à la sexualité, il y avait surtout le bal. J’y ai vécu mes premiers flirts, mes premières initiatives et les premiers baisers… Je me souviens aussi que comme il y avait un antagonisme entre les villages voisins, il ne fallait pas piquer la fille du village d’à côté… A cause de cela, il y avait même parfois des bagarres énormes ! (rires)  Sinon, c’est vrai, que j’aurais beaucoup aimé, à cet âge-là, comme Sedat, faire des voyages.

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On a vu que Sédat avait voyagé seul, très jeune, mais vous François, vous souvenez-vous de premier voyage seul, sans les parents ?

FT : C’est une très bonne question, je me souviens de 2 choses. Avec mes parents, ça a été l’Espagne et Venise. Je me souviens même que pour l’Italie nous étions partis avec ma grand-mère qui devait avoir 72 ans. On y était allé avec une Marly, le plus gros break qui existait à l’époque, nous étions tous entassés dedans.

Après, pour mon premier voyage seul, il m’a fallu attendre l’Iran. La première fois, J’avais 29 ans et depuis j’y retourne pratiquement tous les ans. J’y ai eu une affaire dans le béton qui s’appelait SODA, et que j’ai vendue en 1972 à une société qui avait décroché le chantier de la garde impériale à Téhéran. Au départ, j’envoyais là-bas, depuis la France, des camions, mais à l’époque, il fallait compter 1 mois et demi de transport. Aussi, un jour, le directeur de ma société me dit : « si tu veux, je te donne un terrain à côté des immeubles que l’on construit, monte une usine, négocie ton business et comme cela, ça ira plus vite pour le chantier. » Voilà comment j’ai monté ma première entreprise à l’international.

Autre détail, lorsque j’arrive là-bas, je me retrouve dans un hôtel pourri, j’ai du mal à faire comprendre pour que cela s’améliore… Heureusement, par la suite, j’ai eu droit à un autre hôtel, plus luxueux. C’est là que j’ai attendu patiemment de rencontrer mes partenaires iraniens avec lesquels je devais signer tous mes contrats. Nous devions nous rencontrer rapidement mais l’attente a duré toute une semaine. Pour me faire patienter, tous les matins, mes partenaires me faisaient servir du caviar avec du pain iranien et de la vodka, formidable et royal (rires).

Au bout d’une semaine, je signe enfin mon contrat. Je ne me souviens plus du budget décroché mais c’était vraiment beaucoup d’argent. Je signe le contrat, qui était bien sûr en anglais, autant dire que je n’y comprenais rien. Le contrat en poche, je rentre en France, et vu que la société s’était constituée sur une participation familiale, c’est à dire, mon père et mes 2 frères, je leur raconte tout ce qui s’est passé. Mon père me rit au nez en me disant qu’à coup sûr j’ai dû me faire avoir. Ca ne lui semble pas possible que j’ai pu obtenir un tel budget. Néanmoins, je pose le chèque à la banque. Tout se passe bien, le chèque n’est pas en bois. C’était extraordinaire comme expérience, passer une semaine à Téhéran, avec un service grand luxe, sans négociation difficile ou interminable et se retrouver avec un chèque d’un montant exorbitant. Bluffé, mon père m’a même offert, pour l’occasion, une belle soirée dans un cabaret ! C’est de très beaux souvenirs. Ce n’est pas un souvenir de vacances mais mon premier voyage marquant à l’étranger.

Sedat, quelles sont les vacances qui vous ont le plus marqué ?

SK : Lorsque j’étais gamin, avant de prendre l’avion pour aller en Turquie, nous partions en voiture avec mes parents. De Lyon nous allions vers l’Italie, nous nous arrêtions à Venise, ensuite on traversait la Slovénie. Entre parenthèse, là bas, les filles sont magnifiques (rires) ! Je me souviens aussi qu’à partir de 11 ou 12 ans mon père m’avait désigné copilote, je devais suivre la carte, donner les indications, pour moi c’était énormément de responsabilité. (Rires) Nous passions aussi par l’ex Yougoslavie et la Bulgarie. Il fallait 6 ou 7 heures pour la traverser. En fin de journée, on pouvait apercevoir les paysans qui rentraient des champs, ça faisait vraiment Kolkhoze, c’était très stéréotypé URSS, il y avait beaucoup de militaires, c’était la vraie période communiste.

Et votre premier voyage en avion ?

SK : Un départ de Genève pour la Turquie.

François, chez vous qui choisit la destination des vacances?

FT : Le plus souvent, c’est moi qui choisis. Je voyage beaucoup pour le travail, donc, je m’organise toujours pour que ma femme puisse me rejoindre quelques jours, pour visiter et passer du bon temps avec moi. Je lie l’utile à l’agréable. Aujourd’hui, je suis le roi des Sofitel et autres Hilton aux 4 coins du globe. C’est pour cela que le jour où je prends ma retraire je pars avec Sedat en Turquie. Je me suis promis de faire tout ce que je n’ai pas fait avec mes amis de l’étranger…

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