Par Jean-Marc Requien
Ma misanthropie m’a conduit à séparer en deux le genre humain. Il y a les gens sensibles et sincères… et les autres. Tellement nombreux. Tellement.
J’ai beaucoup et trop longtemps fréquenté les autres. J’ai aimé et j’aime encore les premiers. Valentin Traversi en faisait partie. Je l’ai mieux connu sur le tard. Trop tard. Puisqu’il vient de mourir. Sans prévenir. Comme ça. D’un coup.
Et me voilà triste depuis que mon ami Alain Roche, de son havre de Paros, m’a annoncé dimanche dernier, la disparition de Valentin.
D’autre l’ont dit et le diront mieux que moi, Valentin Traversi, figure de théâtre de la région, tout au long de sa carrière de comédien puis de metteur en scène, forcément pleine de vicissitudes, fut exemplaire.
Valentin était non seulement sensible et sincère mais incroyablement courageux et tenace. Ces trois dernières années il s’est battu bec et ongles pour monter « Nathan la sage », pièce éblouissante de Lessing. Une œuvre œcuménique, ô combien actuelle qui si elle dénonce les dangers du sectarisme des tenants de l’intégrisme religieux démontre que les trois religions du Livre peuvent très bien cohabiter. Et même, qu’elles le devraient si elles étaient fidèles à leur message originel. Valentin Traversi n’a ménagé ni son temps, ni son énergie ni son cœur qui finalement a lâché, pour faire aboutir son projet. Hélas, nos élites culturelles, religieuses et politiques avaient mieux à faire.
Georges Kepeneian, qui sera peut-être le prochain maire de Lyon, s’est fendu d’un communiqué rendant hommage à notre ami : « Valentin était un homme d’engagement et de partage, un des visages les plus marquants de la scène théâtrale lyonnaise…. C’est un homme de culture, un homme de progrès et une figure attachante du monde culturel de notre ville qui disparaît ». Plutôt que ce communiqué trop convenu, il eût été sans doute plus convenable de l’aider à réaliser son projet.
Salut Valentin, même si tu n’y croyais pas trop, je suis sûr que Dieu t’a accueilli à bras grand ouverts.
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