Dans la valise de Victor Bosch

23 décembre, 2008 | LES GENS | 0 commentaires

01 Photo © Saby Maviel

 

Par Agnès Guillaume

 

La valise, comme la vie de Victor Bosch, se décline en binaire. « Les accords majeurs et les accords mineurs maîtrisés, tu peux te balader avec aisance dans tous les domaines. » En ouvrant sa « Halliburton », ce lyonnais, touche-à-tout, dévoile un autre pan de sa personnalité : le flou artistique hyper structuré

 

La vie de Victor Bosch pourrait s'écrire sur une partition. La musique est omniprésente. Si l'homme a arrêté de jouer depuis la dissolution dans les années 80 du groupe de rock progressif « Pulsar », il continue de faire chanter les autres, et sa petite entreprise ne connaît pas la crise. Si l'homme ne porte jamais de couvre-chef, il a plusieurs casquettes et bondit d'une idée de spectacle à la production d'artistes. Comme d'habitude, il a un nouveau projet de comédie musicale… top secret. Comme d'habitude depuis plus de vingt ans maintenant, il parcourt la planète avec sa Zéro Halliburton. « Cette valise est la grande classique des rocks stars. Elle est en métal doré comme les « Airstreams », les roulottes mythiques américaines. Pour être franc, je l'ai achetée à New-York lors de la première tournée avec Francis Cabrel. Cette Rolls-Royce du voyage est horriblement chère. Son prix est même disproportionné. » Que plaider pour sa défense ? « J'en avais très envie mais au moment de régler l'addition, je me suis insulté. Depuis, je ne pars jamais sans elle. Amortissement ou superstition ? Ma vie a basculé en 1989 avec la création du Transbordeur et l'achat de la licence d'entrepreneur de spectacles. Les années ont passé, mais je n'ai pas grossi les rangs. Je suis fidèle aux trois artistes avec qui j'ai fait mes armes : Francis Cabrel, Laurent Voulzy et Michel Leeb. Et par chance, eux me gardent leur confiance. » On revient sur la valise qui, l'air de rien, a emmagasiné les anecdotes. « À la grande époque de Notre-Dame, lors d'une tournée aux USA, nous logions au Beverly Wilshire à Los Angeles (connu depuis le tournage de la scène dans Pretty Woman). Bref, à la sortie du jet privé, ma valise est mal tombée et a explosé. J'entends encore les commentaires « so sorry » du groom de l'hôtel avec ma valise livrée sur un plateau d'argent « Be carefull, Mister Bosch… » Toujours est-il qu'elle a été réparée. » Victor nous montre une petite « Lancel » qui fait l'affaire lorsqu'il s'absente de Lyon, deux ou trois jours. « Elle aussi a son histoire. On me l'a offerte en tant que grand voyageur. Je ne suis pas le seul d'ailleurs, Guy Darmet notamment a eu la même. » On lui demande QUI sera la prochaine heureuse élue ? « Je ne suis pas trop porté sur le clonage. Un bagage de caractère va de pair avec un coup de foudre. » 

 

Cabrel le chouchou

 

La fin de l'année 2008 et 2009 sera pour beaucoup consacrée à la tournée de Francis Cabrel. « C'est l'artiste avec qui je fais le plus de dates en France comme à l'étranger. Entre nous, hormis la musique, il y a une véritable amitié. On a fait le tour du monde. Pour le nouvel album « Des roses et des orties », après la halte à Paris pour les fêtes, on va s'envoler pour Maurice, la Réunion, Tahiti puis l'Amérique Latine et le Canada. » À l'évocation du Canada, un sourire éclaire le visage de Victor Bosch. « On était à Québec en plein hiver. À la fin du concert, on nous avait réservé une table à quelques encablures. Pour que vous imaginiez bien la scène, on avait l'équivalent de la place Bellecour à traverser. Les locaux nous avaient mis en garde contre le froid, – 40 degrés au bas mot avec un vent glacé. Avec Francis, on s'est entêté à vouloir y aller à pied. On n'avait pas fait cinq mètres que nos pantalons ont gelé, genre dur comme des fourreaux d'aluminium. On s'est regardé, et on a rebroussé chemin l'air penaud. Dans la voiture, on a essuyé des rires, mais cela vaut mieux qu'une jambe qui casse comme du verre. » Au fil de la discussion, on a suivi Victor Bosch à l'étage dans le dressing. « Vous êtes dans le centre névralgique. J'ai la chance que mes affaires soient toujours prêtes alors faire ma valise se résume à une simple formalité. Je n'ai qu'à puiser dans « mes collections ». J'emploie le terme de collection car je m'habille toujours pareil. Je suis intraitable pour les chaussettes, des « Paul Smith » sinon rien. Une chaussette, c'est très délicat, elle vous révèle son homme. Je n'ai pas de nom en tête, mais la faute de goût est vite là. Du blanc « option sport » avec un costume et t'es mort… » Pour les chaussures, Victor avoue son penchant pour les Church et parfois les Weston. On continue la progression. « Je ne porte que des jeans, bleus ou noirs selon les jours. Je n'aime pas les coupes des pantalons des costumes, sur moi. » À l'étage supérieur, même combat, Victor Bosch alterne selon les besoins entre des chemises blanches de marque et des polos Lacoste noirs accompagnés de blazers ou vestes de grands couturiers à l'instar de Ralph Lauren. « Vu que je voyage beaucoup, j'achète mes polos par douzaine dans les aéroports. » On remarque un ou deux pulls noirs, col V, assez fins. Victor glisse une confidence. « J'ai une ou deux chemises à manches courtes que je porte exclusivement sous un pull et par pure nécessité. J'ai horreur de la chemise rose ou jaune des commerciaux des magasins de grande distribution, avec les stylos en brochette. N'allez pas voir de la méchanceté là où il n'y a qu'un peu d'humour. Je me moque de tout, à commencer par moi. »  Même en plein hiver, Victor Bosch ne porte pas de manteau. « J'ai une écharpe noire 100% cachemire car j'ai adopté le système américain : si tu as le cou au chaud, le reste est ok. »

 

Dark side of the Moon

 

En mélomane averti, Victor Bosch sans hésitation déclare faire sa valise à la manière de l'album des Pink Floyd (un groupe qu'il adore) « Dark side of the Moon ». Les explications suivent. « Il règne un climat de désordre apparent mais derrière, la pensée est très structurée. » Comme pour faire écho à ses propos, on découvre que Victor Bosch compose sa valise en trois temps. Il prend les vêtements dans le dressing, les plie sur le lit de la chambre conjugale et procède au rangement dans son bureau. Bref un parcours rituel qui lui permet de ne rien oublier. « Je suis un grand angoissé. Dans le travail, je soigne les préparatifs car j'ai toujours peur de passer à côté de quelque chose.» Cela est également valable pour ma vie. De l'extérieur, on peut avoir l'impression que cela part dans tous les sens, mais j'ai une très bonne boussole. J'ai une grande imagination ancrée sur une solide colonne vertébrale.» Par un saut de puce propre au voyage, on débarque à Londres. « J'ai une grande passion pour la peinture et notamment l'art contemporain. J'aime les mouvements spontanés ». En joignant la parole au geste, Victor Bosch nous montre un tableau d'Anne Leone. « Je me baladais avec un ami dans le quartier des galeries. J'ai aperçu ce tableau de la rue. J'ai poussé la porte. Il m'a plu et, sans connaître sa cote, je me le suis fait expédier. » Nouveau saut de puce à Las Vegas. « Histoire de ne pas mourir idiot, j'ai accepté de tester un manège dans un parc d'attractions. Un truc de dingue ! Perché dans une wagonnette, en haut d'une immense tour (genre tour Eiffel), tu attends de longues secondes dans l'incertitude… Et d'un seul coup, « le carrosse » se met en déport dans le vide. Horreur ! Et là, deuxième effet, crac, tu crois que le mécanisme a rompu… la wagonnette pique du nez. C'est tout, j'ai vraiment pensé que ma dernière heure avait sonné. Et là juré, plus jamais ! »

 

 

 

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