La Mère Richard laisse un grand vide aux Halles Paul Bocuse

1 avril, 2014 | GASTRONOMIE | 0 commentaires

Renée Richard et sa fille, Gérard Collomb et M. Paul lors de l’inauguration des Halles « Paul Bocuse »  en 2007. Photos © DR

Par Hugo Roussel

Renée Richard, plus connue sous l’affectueuse appellation de « Mère Richard », est décédée dans la nuit du 31 mars 2014 à l’âge de 84 ans. Ses funérailles seront célébrées vendredi 4 avril à 9h30 en l’église Saint Bonaventure. Aux Halles de Lyon, l’ambiance était lourde mardi matin.

« C’est un grand malheur qui frappe les Halles Paul Bocuse », glisse Maurice Trolliet. Meilleur ouvrier de France, l’artisan-boucher partageait avec Renée un certain sens du produit et du gout. En un mot, de la tradition. « C’était une grande dame, qui avait son caractère, mais c’était une vraie battante. Elle avait ses convictions, ses humeurs, son tempérament, mais ses amis des Halles l’aimaient pour ça », se remémore-t-il. A l’instant de lever son rideau, comme chaque matin, ses premières pensées sont allées pour sa fille, qui porte également le prénom de Renée. C’est elle qui garde aujourd’hui le temple des Halles. « Nous avons perdu une grande figure, une montagne de la gastronomie lyonnaise », conclut-il en retournant à son hachoir.

Autre temps, autre époque, c’est du côté de la Halle des Cordeliers que Renée Richard a commencé son activité en 1968. Cette fille de charcutier fait des infidélités à la cochonnaille pour se consacrer à l’affinage du célèbre petit fromage du Dauphiné. « Ma mère trouvait à l’époque que Lyon manquait de spécialités locales. Et le Saint-Marcellin a plu tout de suite à la clientèle et aux restaurateurs, des bouchons aux étoilés », confiait l’année dernière à Lyon People sa fille Renée, devenue aujourd’hui récipiendaire du trésor familial. C’est même M. Paul qui donna son surnom de « Mère » à Renée Richard, portée au panthéon des grandes femmes de la gastronomie lyonnaises aux côtés de la mère Fillioud et Eugénie Brazier.

Beaucoup de commerçants sont affectés par sa disparition, notamment un autre fromager des Halles, Etienne Boissy, qui voyait en elle une  une icône pour les tous les fromagers. « Quand je suis arrivé aux Halles, il y avait Maurice Trolliet, Colette Sibillia, et Renée Richard, un personnage haut en couleurs mais d’une grande gentillesse. Il faut  dire que son Saint Marcellin est une institution. Même si elle nous a quittés, elle reste encore avec nous à travers ce produit qui a retrouvé ses lettres de noblesse sur nos étals. C’est grâce à elle », commente le fromager. Son voisin Eric Giraud partage ce sentiment. En vieux loup de mer, l’écailler porte haut mais l’émotion est bien réelle quand il affirme que « la reine du Saint-Marcellin laisse un grand vide aux Halles. »

Du côté de la maison Sibillia, le comptoir ne désemplit pas. Colette n’a pas une minute pour répondre aux sollicitations des journalistes qui ont déployé les grands moyens pour venir capter le ressenti du « ventre de Lyon. » Le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb s’est fendu d’un communiqué qui illustre la grande émotion partagée par tous les Lyonnais. « C’est aujourd’hui toute la gastronomie lyonnaise qui est en deuil et qui rend hommage à celle que Paul Bocuse avait baptisée affectueusement ‘La mère Richard’. Figure charismatique des Halles de Lyon où elle exerça ses talents et transmis sa passion pendant tant d’années, sacrée par ses pairs ‘Reine du Saint Marcelin’, Renée Richard aura marqué durablement de son empreinte le paysage gastronomique de notre ville. »

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