L’adieu de Lyon à la « Mère Richard »

4 avril, 2014 | GASTRONOMIE | 0 commentaires

Photo © Fabrice Schiff

Par Benjamin Solly

Les funérailles de Renée Richard ont été célébrées en l’église Saint-Bonaventure, vendredi 4 avril 2014. Figure de la gastronomie lyonnaise et des Halles Paul Bocuse, la « Mère Richard » s’est éteinte lundi dans sa 84ème année.

02« Un être humain qui s’éteint, ce n’est pas un mortel qui finit, c’est un immortel qui commence. » Ces mots empruntés à l’écrivain québecois Doris Dussier, plus connu sous le pseudonyme de « Père Gédéon », font écho à la trajectoire de la Mère Richard. Prononcé par le directeur de l’Institut Paul Bocuse Hervé Fleury, ce propos liminaire à la cérémonie prend une toute autre saveur. Il illustre l’immortalité gastronomique qu’a contribué à façonner Monsieur Paul en donnant à Renée Richard sa patente lyonnaise de « Mère » et qui  se vérifie aujourd’hui sur toutes les plus grandes tables du monde. A l’instant d’entamer les réjouissances fromagères, existe-t-il pire faute de goût que de ne pas proposer des Saint-Marcellin de la Mère Richard ? Vendredi matin, son savoir-faire unanimement reconnu a été célébré dans l’émotion palpable de ceux qui l’ont accompagnée pour son dernier voyage.

03Sa fille Renée tout d’abord, le visage marqué par le deuil. Si Lyon perdu sa « Mère », Renée est arrachée à la sienne. Cette complicité mère-fille sautait aux yeux, portée jusque dans la gémellité du prénom. Pour ce dernier hommage à sa maman, tous ses « enfants » des Halles de Lyon sont venus en nombre. Les écaillers Eric Giraud et Alexandra Lemmens, le fromager Etienne Boissy, Colette Sibilia et Bruno Bluntzer évidemment, mais également la grande famille de la gastronomie lyonnaise. Si Paul Bocuse était représenté par son épouse Raymonde et sa fille Françoise Bernachon, Roger Jaloux, Jacky Marguin, son épouse Adrienne et son fils Christophe, Gilles Maysonnave, Jean-Paul et Françoise Pignol, Guy Lassaussaie, Christian Têtedoie, Jacotte Brazier, Arlette Hugon, Pierre et Geneviève Orsi, Jean-Claude Caro, Mathieu Viannay, Julien Le Guillou, Cyril Bosviel, Philippe Gauvreau, Frédéric Fass, Fred Berthod, François Pipala, Michel Barthod, Laurent Bouvier, Patrick Méhu et Jean-Yves Carpentier, Vincent Leroux, Philippe Bernachon, Marco de l’Est mais également Georges Duboeuf garnissaient les travées de l’église Saint-Bonaventure.

04« Habituée de Notre-Dame de Fourvière », selon le père Payen qui a célébré les funérailles, le choix de Saint-Bonaventure s’est imposé naturellement pour les obsèques de Renée Richard, dicté par une réflexion commune entre la famille et le cardinal Philippe Barbarin. C’est en face, dans les Halles des Cordeliers , malheureusement disparues depuis et délocalisées cours Lafayette, que la Mère Richard a conquis ses lettres de noblesse. Le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb, présent vendredi matin avant d’être investi dans l’après-midi pour un 3e mandat, a tenu à marquer la présence de la Ville de Lyon pour une de ses plus célèbres représentantes. Côté politique, Richard Brumm, arrivé avec une heure de retard, Marie-Odile Fondeur et Jérôme Maleski, mais aussi Michel Havard et Jean-Baptiste Monin étaient présents. Fernand Galula, Albert Constantin, Carole Dufour, Françoise Petit, Jean-Marc Requien, Béatrice Denis, Georges Pithioud, Marmor, Gérard Angel, Patrick Lion, Jean-Marie Nauleau et Pierre Grison fermaient ce ban très lyonnais.

05« Disponibilité, courtoisie, modestie, plaisir du travail bien fait et du partage. » Les vertus cardinales de la gastronomie lyonnaise égrenées par le père Payen composaient le « caractère bien trempé » de la Mère Richard. « Elle suivait encore la marche de la boutique des Halles, les commandes, les prévisions », rappelle l’homme d’église. Ce « chemin du service » qu’a emprunté tout au long de sa vie la « Mère Richard » est désormais rebattu avec talent par tous ceux qu’elle a vu grandir. Comme dans la voix d’Aurélie Baudet qui a interprété magistralement les chants, dont un vibrant Ave Maria de Caccini, il y a de la magie dans cette gastronomie lyonnaise. Elle s’appelle transmission. Depuis le nouveau cimetière de la Croix-Rousse, la Mère Richard veillera sur son petit monde avec la bienveillance et l’exigence d’un maître pour ses apprentis.

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