Louis Cretey au Musée des Beaux-Arts. Tout vient à point

4 janvier, 2011 | DERNIERE MINUTE | 0 commentaires

                                           

Louis-Cretey-Saint-Marc.jpg « Saint Marc » par Louis Cretey – Photo DR

 

Par Alain Vollerin

 

Et parfois, il faut attendre longtemps, bien après que la mort ait fait son ouvrage. Je salue cette magnifique exposition où la spiritualité partout rayonne, irradie, charme, envoûte l’amateur.

 

Un visionnaire entre Lyon et Rome. Oui ! Devait-on formuler le titre ainsi ? Les personnages sont visités. Ils portent sur leurs visages, leurs corps illuminés, la présence d’une révélation, d’une communion, d’une conversion, mais Louis Cretey fait surtout la peinture de son époque. Comment ferait-il autrement, même extrêmement doué, inspiré, cultivé ? Remontons aux sources. Que nous disent Marius Audin et Eugène Vial dans leur dictionnaire des artistes et ouvriers d’art de la France consacré aux Lyonnais ? " Cretey ou Cretet (Louis ou Pierre-Louis), peintre, Lyon XVIIème. A Lyon en 1681 et en 1688. Passe un prix fait, le 29 août 1684, pour la décoration du réfectoire de l’abbaye des dames de Saint-Pierre à Lyon. Termine vers 1686 ces peintures qui existent encore : « l’Ascension », « l’Assomption » et « le prophète Elie », peintures à l’huile sur enduit, dans les œils-de-bœuf des voûtes; « la Cène » et « la Multiplication des pains », peintures sur toile, sur les parois Est et Ouest. Peint, vers la même époque, pour le même couvent, Saint-Pierre recevant les clefs et les larmes de Saint-Pierre. Nommé maître de métier pour les peintres en 1684. Robert Dumesnil lui attribue Hercule tenant un médaillon où est le portrait du grand Duc de Toscane (gravé par Thérèse del Po). Il signait Cretey. " En fait, Louis Cretey rejoint un projet mené par Thomas Blanchet. Né à Paris en 1614, peintre, architecte et graveur qui avait conclu commande le 17 novembre 1676 avec les religieuses de la dite abbaye de Saint-Pierre de Lyon pour cinq tableaux destinés à leur église. En 1675, comme architecte, il remania l’abside de l’église de Saint-Pierre et le maître-autel, puis le grand escalier et le réfectoire du monastère en 1675. Dixit Audin et Vial.

 

Je remercie Sylvie Ramond de nous permettre, à nous Lyonnais, de plonger dans notre riche histoire, de redécouvrir la peinture de décors religieux de la très haute époque. Nous étions sous le règne de Louis XIV. La scénographie de cette exposition signée Jean-Claude Goepp est absolument remarquable. Elle sert divinement la peinture pédagogique de Louis Cretey. En ce temps-là, on ne peignait pas sans avoir appris. On ne peignait pas pour rien ou pour servir son petit ego dérisoire. On composait des allégories, des portraits de saints portés par leur passion pour le Christ. On décrivait le cheminement du Christ, son baptême, son ensevelissement, le mystère de son tombeau et de sa résurrection. Cette peinture militait, témoignait, agissait. Peindre Saint-Jérôme pieux lecteur de la Bible fut un exercice accompli par de nombreux maîtres (Bosch, Lotto, Zurbaran, Masaccio, etc). Louis Cretey se révèle excellent face à cette mission. Comme le résultat est éblouissant, comme il nous fascine encore, aujourd’hui, des siècles plus tard. Cette exposition est une bénédiction pour notre cité qui n’a pas oublié la tragédie que lui imposa le sinistre Fouché et ses dizaines de milliers de morts mitraillés aux Brotteaux ou guillotinés aux Terreaux. Voici la revanche de l’art spiritualisé.

 

La constitution du catalogue de cette exposition, coédité par le musée des Beaux-arts et les éditions Somogy, fut placée sous la direction scientifique de Pierre Rosenberg de l’Académie Française, co-commissaire avec Aude Henry-Gobet, docteur en histoire de l’art. Evoquons le travail des bibliothécaires Dominique Dumas, Ewa Penot et Géraldine Hinis, ainsi que les recherches des documentalistes Laurence Berthon et Gérard Bruyère. Hélas, les reproductions photographiques ne parviennent pas à témoigner fidèlement de l’aspect enchanteur des couleurs, des roses indiens, des embrasements de blanc, des bleus et des noirs profonds. Signalons l’admirable niveau des restaurations. Après une seconde visite en compagnie de Marco, figure de la presse people lyonnaise, j’ai vérifié la profondeur de l’imprégnation d’une solide éducation religieuse très utile pour comprendre les nombreux hommages à la vie des saints. Je suis émerveillé par la constance et la clairvoyance du collectionneur et marchand d’art, Michel Descours, cet événement lui doit beaucoup. Je recommande vigoureusement la visite de cet hommage à cet artiste né à Lyon et largement méconnu. Visitez-la avec vos parents, vos amis. Faites la connaître à l’extérieur de notre ville. Elle plaide pour la richesse et la diversité de notre patrimoine. 

 

Louis Cretey. Un visionnaire entre Rome et Lyon

Jusqu’au 24 janvier 2011 au Musée des Beaux-arts de Lyon

20, place des Terreaux – Lyon 1er – 04 72 10 17 40

Tous les jours sauf mardi et jrs fériés – 10h à 18h – ven. 10h30 à 18h

 

 

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